DIRECTRICE DU FESTIVAL AFRICAMIA : Sara Maurin Kane promeut une création loin des stéréotypes sur l’Afrique

THIEYSENEGAL.com : Filleule de Joe Ouakam, la Franco-sénégalaise a l’ambition de faire dialoguer les cultures, et d’informer sur les droits des personnes migrantes lors du Festival Africamía (27 au 29 septembre).

Propos recueillis par Ibrahima BA

D’où est venue l’idée de mettre en place le Festival Africamía à Tenerife ?

En 2018, mon mari, Julien Harmand, et moi-même avons créé l’association la Francofonia en Tenerife pour imaginer et organiser des projets artistiques et culturels avec des pays francophones. Nous avons attiré l’attention des institutions locales qui souhaitent se rapprocher du continent africain. Nous avons tout d’abord créé un festival qui s’appelle « Afrolatina » pour mettre en lumière les liens entre l’Afrique occidentale, les Îles Canaries et les Caraïbes en suivant le parcours de femmes musiciennes. Nous avions alors pu faire venir à Tenerife la percussionniste Ndèye Seck grâce à notre collaboration avec la compagnie aérienne Binter qui a des vols hebdomadaires entre les Îles Canaries et le Sénégal. Nous avons pu ensuite participer au « Off » de la Biennale de Dakar avec un projet de projection participative sur Joe Ouakam. Puis, il y a eu la Covid-19. Nous avons dû suspendre ce festival et d’autres activités.

À la sortie de la pandémie, nous avons été contactés par un musée pour monter un projet autour de l’Afrique. C’est ainsi qu’est né le Festival Africamía, un événement pluridisciplinaire qui souhaite mettre en lumière la création africaine contemporaine et faire dialoguer les cultures tout en informant sur les droits des personnes migrantes.

Nous avons pu réaliser les deux premières éditions du festival au cœur de la capitale de Tenerife, Santa Cruz, dans un lieu exceptionnel. Cette année, suite à des changements politiques, nous avons changé de lieu et nous allons pouvoir organiser le festival en bord de mer, dans un complexe incroyable possédant des espaces extérieurs pour les ateliers et le concert, ainsi qu’une salle de spectacle pour les projections et la pièce de danse.

Quels sont les objectifs de cet événement culturel international ?

À travers ce festival, nous souhaitons présenter une création actuelle, moderne et connectée au monde, loin des stéréotypes encore véhiculés sur l’Afrique. Nous essayons de représenter plusieurs pays pour montrer la diversité du continent et d’inviter des artistes innovants, ancrés dans leur époque et avec beaucoup de talent. Nous souhaitons créer un moment de convivialité entre les différentes populations de l’île de Tenerife qui a toujours été une terre de passage et de migration. Nous espérons aussi permettre aux personnes migrantes d’origine africaine d’être fières de leurs cultures et de leurs artistes. Nous leur offrons un moment de joie qui les sort de leur quotidien assez difficile. Nous essayons d’éduquer le public sur les questions de tolérance et contre le racisme, en commençant par les plus jeunes, grâce à une programmation scolaire et des ateliers pour les enfants. Nous aimerions devenir une véritable plateforme pour les artistes africains qui souhaitent se produire en Europe malgré les contraintes économiques et administratives que cela peut engendrer et, par exemple, face à l’éternel problème des visas qui nous semble être une injustice sans nom et la preuve d’un racisme institutionnel banalisé.

Quelle place occupent les artistes et le public africains dans la programmation ?

Les artistes africains occupent toute la programmation de ce festival. Nous collaborons également avec des artistes européens qui dédient leur travail au continent africain. Nous essayons également de programmer au maximum des artistes féminines africaines. Les artistes disposent d’un temps de résidence pour rencontrer des artistes locaux et faire de cette expérience un moment d’échange riche et constructif.

Le public canarien accueille avec un enthousiasme incroyable notre festival. Il fait preuve d’un intérêt qui en fait le succès et nous sommes vraiment heureux de voir à quel point nos programmations lui plaisent. Les familles, les étudiants, les artistes, le grand public…ils sont tous au rendez-vous pour trois journées de festivités et de célébration du continent africain.

Ce festival est gratuit grâce à nos soutiens institutionnels à l’image du département « Action extérieure du Cabildo de Tenerife », de la mairie de la ville du Puerto de la Cruz et du consulat de France à Madrid, mais aussi celui de structures privées comme Binter, Auto Reisen ou la Finca la Pampa.