Le climat politico-judiciaire s’alourdit à Dakar. Cinq anciens ministres sont désormais sous le coup de potentielles poursuites devant la Haute Cour de justice. C’est ce qu’a révélé le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mbacké Fall, lors d’une conférence de presse très attendu ce mercredi.
Le climat politico-judiciaire s’alourdit à Dakar. Cinq anciens ministres sont désormais sous le coup de potentielles poursuites devant la Haute Cour de justice. C’est ce qu’a révélé le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mbacké Fall, lors d’un point de presse très attendu ce mercredi.
À l’origine de cette onde de choc : l’exploitation du rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le document, rendu public fin décembre 2022, avait déjà provoqué une tempête politique, mettant en lumière des irrégularités flagrantes, des surfacturations, et un manque de traçabilité dans l’utilisation de plusieurs milliards de francs CFA.
Des présomptions graves et ciblées
Le procureur Mbacké Fall a confirmé l’existence de « graves présomptions de détournement de deniers publics » concernant certains anciens membres du gouvernement. Sans citer de noms à ce stade, il a précisé que les dossiers de cinq d’entre eux ont été transmis à l’Assemblée nationale, étape préalable à une éventuelle mise en accusation devant la Haute Cour de justice.
Cette juridiction d’exception est la seule habilitée à juger les anciens ministres pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions. Mais avant cela, les députés devront se prononcer sur la recevabilité des dossiers et voter à la majorité qualifiée pour engager la procédure.
Une pression croissante pour la reddition des comptes
Ce nouveau rebondissement intervient dans un contexte de forte demande citoyenne pour une meilleure gouvernance et une lutte réelle contre la corruption. Depuis la publication du rapport de la Cour des comptes, la société civile, à travers des plateformes comme Y’en a marre ou le Forum civil, réclame des sanctions exemplaires.
La classe politique, elle, reste divisée. Si certains saluent une avancée vers plus de transparence, d’autres dénoncent une « chasse aux sorcières » à visée politique, surtout en période pré-électorale.
Quelle suite à l’Assemblée ?
Les regards sont désormais tournés vers l’hémicycle. Si l’Assemblée nationale donne son feu vert, une commission spéciale pourrait être mise sur pied pour instruire les dossiers. En cas de mise en accusation formelle, la Haute Cour de justice, dont le fonctionnement reste souvent critiqué pour son inertie, devra démontrer sa capacité à juger en toute indépendance.
Dans un pays où les poursuites contre les hauts responsables restent rares, cette affaire pourrait marquer un tournant, à condition que la procédure aille à son terme sans interférences politiques.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com