TGI Mbour : Violée, engrossée, abandonnée et tuée par un chauffard, Fatou Samb Mbengue, une vie de tragédie

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THIEYSENEGAL.com : Dans la vie, il y a des personnes dont le passage sur terre est profondément marqué par la souffrance, qu’elle soit physique, psychologique, sociale ou spirituelle. Fatou Samb Mbengue semble être de ce lot. Elle a porté un fardeau constant jusqu’à sa tombe, traversant une succession d’épreuves sans répit.

Le 20 juin prochain, la Chambre criminelle du tribunal de Mbour rendra son verdict de cette affaire bouleversante. Deux hommes, Thierno Mountaga Aw (38 ans) et Aboubacry Thioune (27 ans), sont jugés pour viol en réunion sur une personne vulnérable, en l’occurrence Fatou Samb Mbengue, une femme en situation de handicap physique et mental.

Les faits remontent au 22 août 2021, aux alentours de 21 h, dans une ruelle sombre, derrière l’Empire des enfants, à Popenguine. Ce soir-là, Jean-Marie Guédji Ciss, un habitant du quartier, entend des gémissements. En s’approchant avec sa torche, il découvre deux hommes : l’un maintenant une femme au sol, l’autre couché sur elle. Pris en flagrant délit, les agresseurs prennent la fuite, laissant derrière eux leurs effets personnels et leur victime, en état de choc, le visage tuméfié.

Les gendarmes, alertés, découvrent sur les lieux une culotte, deux pantalons, un téléphone portable et un permis de conduire appartenant à Aboubacry Thioune. L’enquête permet d’identifier et d’interpeller rapidement les deux suspects. Ils sont apprentis chauffeurs d’un autocar immobilisé plus tôt dans la journée.

Une victime sans défense

Fatou Samb Mbengue était connue dans son quartier pour ses troubles psychiatriques. Sa mère, Awa Ndiaye, a témoigné que sa fille souffrait depuis dix ans de crises mentales accompagnées d’épilepsie. Elle avait déjà été victime d’agressions sexuelles dans le passé. De l’une d’elles était né un enfant qui a aujourd’hui 7 ans.

Le 22 août 2021, Fatou aurait fait une crise avant de croiser le chemin de ses bourreaux. Selon leurs premières déclarations, les deux hommes ont consommé de l’alcool avant de tomber sur la jeune femme. Ils ont reconnu s’être relayés sur elle, tout en sachant son état de vulnérabilité. Plus tard, face au juge, ils reviendront sur leurs aveux, évoquant une volonté de « l’aider » et niant toute connaissance mutuelle.

Des preuves accablantes

Le récit des témoins, les objets retrouvés sur les « lieux du crime », les aveux initiaux ainsi que la nudité partielle des suspects au moment de leur arrestation, laissent peu de place au doute. Pourtant, au procès, les deux accusés tentent de se rétracter : ils affirment ne pas se connaître, disent avoir simplement voulu porter secours à une femme tombée en transe. L’un prétendait se baigner, le second d’avoir été dévêtu par les riverains.

Pour le procureur, la tentative de minimisation ne tient pas : « C’est un crime. Une situation atroce. » Les avocats de la défense ont quant à eux plaidé la faiblesse et la honte, tentant d’humaniser les accusés sans nier la gravité des faits.

Fatou Samb Mbengue, elle, n’assistera pas à l’issue du procès. Quelques mois après les faits, elle est décédée dans un accident de la route, dont l’auteur court toujours. Une fin tragique, à l’image d’une vie marquée par l’abandon, la maladie et les violences répétées.

Le 20 juin 2025, la justice donnera le délibéré. Mais pour Fatou, une peine maximale ne suffira jamais à réparer l’irréparable. Sa mère, qui a longtemps tenu lors de l’audience, a finalement cédé à l’émotion. Sous l’emprise de la douleur, Awa Ndiaye n’a fait que pleurer lors des plaidoiries.

 

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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