Disparition de Ibrahima Diouf en Espagne : Le principal suspect libéré malgré des indices accablants
THIEYSENEGAL.com : Un rebondissement inattendu relance les interrogations autour de la disparition d’Ibrahima Diouf, ouvrier agricole sénégalais porté disparu depuis janvier 2021 dans la province andalouse de Jaén. G.V.L., employeur agricole espagnol de 53 ans et principal suspect dans cette affaire, a été libéré sous contrôle judiciaire par l’Audience provinciale de Jaén, malgré de lourds soupçons pesant contre lui.
Selon le quotidien espagnol El País et confirmé par Les Échos, la chambre correctionnelle a accédé à la demande d’appel formulée par la défense de l’agriculteur, estimant qu’il pouvait comparaître libre sous certaines conditions. Cette décision intervient alors que des écoutes téléphoniques menées par l’UCO (Unité centrale opérationnelle de la Garde civile) impliqueraient directement G.V.L. dans ce que les enquêteurs qualifient de « meurtre planifié ».
Une libération sous haute surveillance
La libération du suspect est assortie de mesures strictes : retrait de son passeport, interdiction d’en solliciter un nouveau et obligation de pointage hebdomadaire au tribunal de Villacarrillo, dans la province de Jaén. Une décision qui passe mal du côté des proches de la victime et des organisations de défense des droits des migrants, qui dénoncent un traitement judiciaire « à deux vitesses ».
Un passé judiciaire troublant
Déjà connu des services de police, G.V.L. avait été brièvement interrogé en 2013 dans une affaire similaire : la disparition de Tidiane Coulibaly, un saisonnier malien de 23 ans. Le dossier avait été classé faute de preuves, mais il jette aujourd’hui une ombre sur le profil du suspect.
Incarcéré en mars dernier pour homicide présumé et détention illégale d’armes — un pistolet ayant été retrouvé à son domicile lors d’une perquisition — G.V.L. nie toute implication dans la disparition d’Ibrahima Diouf. Pourtant, selon des extraits d’écoutes dévoilés par la presse espagnole, il aurait fait part de propos compromettants à des tiers, évoquant sa volonté de « se débarrasser » du travailleur sénégalais.
Un corps toujours introuvable
Le corps d’Ibrahima Diouf reste introuvable à ce jour. Depuis plus de trois ans, les autorités espagnoles ont mené des fouilles massives dans les alentours de Villacarrillo. Des moyens considérables ont été mobilisés : drones, hélicoptères, brigades cynophiles et unités équestres ont scruté les zones montagneuses et rurales, sans résultat.
La famille de la victime, installée au Sénégal, reste sans réponse, tandis que les ONG de défense des migrants pointent un climat d’impunité et réclament la relance des investigations.
Un dossier emblématique
L’affaire Diouf, au-delà de son aspect judiciaire, met en lumière la précarité extrême dans laquelle vivent de nombreux travailleurs saisonniers d’origine africaine en Espagne, souvent sans contrat, sans protection, et exposés à toutes sortes d’abus.
Alors que la pression médiatique monte, des voix s’élèvent pour que la justice espagnole revoie sa position et rouvre plus largement l’enquête, d’autant que l’Espagne connaît une série de disparitions inexpliquées de travailleurs migrants dans les campagnes agricoles andalouses.
Affaire à suivre.