Haute Cour de justice : Mansour Faye sous mandat de dépôt pour détournement présumé de fonds Covid-19
THIEYSENEGAL.com : L’ancien ministre sénégalais du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, Mansour Faye, a été inculpé et écroué lundi par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, après une audition tendue au cours de laquelle ses avocats ont tenté, en vain, de faire valoir une offre de cautionnement.
Beau-frère de l’ex-président Macky Sall et actuel maire de Saint-Louis, Mansour Faye est visé par de lourdes accusations portant sur des faits de détournement de deniers publics, escroquerie sur des fonds publics et blanchiment de capitaux, dans le cadre de la gestion controversée des fonds de riposte contre la pandémie de Covid-19. Le préjudice financier provisoire est chiffré à 2,749 milliards de francs CFA.
Son avocat, Me Amadou Sall, a exprimé sa déception à l’issue de l’audience : « Nous avons formulé une offre de cautionnement, mais elle a été rejetée. Nous avons également présenté des contestations sérieuses, qui n’ont pas non plus été retenues. »
Cette mesure coercitive fait suite à l’adoption, le 8 mai dernier à l’Assemblée nationale, d’une résolution actant la comparution de Mansour Faye devant la Haute Cour de justice – une juridiction d’exception habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Cette affaire s’inscrit dans une série d’actions judiciaires menées dans le cadre de l’opération de reddition des comptes lancée par les nouvelles autorités. Avant Mansour Faye, quatre autres anciens ministres ont été entendus par la justice : Moustapha Diop et Aïssatou Sophie Gladima ont été placés sous mandat de dépôt ; Ndeye Saly Diop Dieng a bénéficié d’une liberté sous caution ; tandis qu’Ismaïla Madior Fall a été assigné à résidence avec port d’un bracelet électronique.
L’arrestation de Mansour Faye marque un tournant dans ce vaste chantier de lutte contre la corruption, que le pouvoir en place présente comme un engagement fort en faveur de la transparence et de la moralisation de la vie publique. Toutefois, certains observateurs dénoncent une instrumentalisation politique de la justice, arguant que les procédures ciblent exclusivement des personnalités proches de l’ancien régime.
Reste désormais à la Haute Cour de justice de mener à bien l’instruction, en respectant les garanties du droit à un procès équitable. Le dossier Faye pourrait constituer un test crucial pour l’indépendance de la justice sénégalaise dans un contexte de recomposition politique post-alternance.
La rédaction de la THIEYSENEGAL.com