Cambérène réclame le respect : les guides religieux envoient un message clair à l’État

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THIEYSENEGAL.com : Dans une atmosphère empreinte de gravité et de recueillement, les guides religieux de Cambérène ont exprimé un message fort à l’endroit de l’État sénégalais, à la suite des événements dramatiques ayant secoué la localité. « Cambérène, terre de foi, non de gaz » : ce slogan, désormais repris dans plusieurs cercles confrériques et civils, traduit l’indignation suscitée par la récente opération policière qui a coûté la vie à plusieurs jeunes du quartier.

Ce vendredi, une délégation mandatée par le Premier ministre Ousmane Sonko s’est rendue sur place, dans un geste présenté comme une volonté d’écoute et d’apaisement. Accueillie par les notables et dignitaires religieux, la délégation a été reçue dans le respect, mais aussi dans la douleur d’une communauté marquée par le deuil et l’incompréhension.

« Cambérène est un lieu de lumière spirituelle, pas un terrain pour les grenades lacrymogènes. Nous appelons à la paix, mais aussi à la reconnaissance de notre histoire et de notre spiritualité », a déclaré l’un des khalifes présents lors de la rencontre.

Cambérène est bien plus qu’un quartier de Dakar : il s’agit d’un haut lieu de la confrérie tidiane, qui accueille chaque année des milliers de fidèles et abrite des mausolées et écoles coraniques emblématiques. Le recours à la force publique, en particulier dans un espace sacré, a été vécu comme une profanation morale et symbolique, selon les chefs religieux.

« Nos enfants y naissent, nos morts y reposent. Ce sol est un héritage spirituel que nous n’accepterons pas de voir transformé en champ de bataille », ont-ils averti.

Les autorités religieuses n’ont pas rejeté l’enquête en cours, qu’elles jugent « essentielle pour rétablir la vérité », mais elles insistent : plus jamais une telle intervention ne doit avoir lieu dans un espace aussi chargé de sens et de mémoire collective.

La délégation gouvernementale a pris note des doléances, promettant de rendre compte directement au Premier ministre, qui avait déjà exprimé sa solidarité avec les familles endeuillées lors d’un précédent conseil des ministres.

Au-delà des circonstances immédiates, cette rencontre révèle une tension latente entre pouvoir régalien et reconnaissance des espaces spirituels communautaires, souvent ignorés dans la gestion sécuritaire de la capitale.

« La présence des émissaires est un premier pas. Qu’il ne soit pas un simple geste de circonstance, mais le socle d’un dialogue fondé sur le respect mutuel », a conclu un autre guide, appelant à bâtir un nouvel équilibre entre autorité étatique et reconnaissance des réalités culturelles et religieuses du pays.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

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