THIEYSENEGAL.com : L’affaire prend une tournure de plus en plus sensible. Le chroniqueur de TFM, Badara Gadiaga, a été placé en détention provisoire après son face-à-face avec le juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Dakar. Une décision qui s’appuie sur un ensemble d’articles du Code pénal sénégalais, visés par le parquet, et qui, juridiquement, ne laissait guère de marge de manœuvre au magistrat instructeur.
Des articles contraignants pour le juge
Selon des sources judiciaires, le Parquet de Dakar a fondé sa requête sur les articles 56 à 100 du Code pénal, relatifs à la sûreté de l’État, mais aussi sur l’article 255, qui criminalise la diffusion de fausses nouvelles. Ces références légales, une fois visées dans le réquisitoire introductif, ont automatiquement entraîné la délivrance d’un mandat de dépôt, comme le prévoit la procédure en cas de faits considérés comme graves ou sensibles pour l’ordre public.
Badara Gadiaga fait l’objet de plusieurs chefs d’inculpation, dont :
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Diffusion de fausses nouvelles,
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Discours portant atteinte aux bonnes mœurs,
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Offense à une personne exerçant les prérogatives du chef de l’État,
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Réception et sollicitation indue de dons.
Une défense qui dénonce une dérive
Réagissant dans la foulée de la décision, l’un de ses avocats, Me Oumar Youm, s’est dit « profondément choqué » par ce qu’il qualifie de manque de discernement du parquet. Tout en saluant l’attitude du doyen des juges d’instruction, il a pointé du doigt ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice pour restreindre la liberté d’expression dans les médias.
« Le juge était juridiquement contraint, mais c’est le parquet qui a verrouillé l’issue. Nous ne nous tairons pas », a déclaré Me Youm devant la presse.
Un climat médiatique sous pression
Le placement en détention de Gadiaga intervient dans un climat tendu pour les professionnels des médias au Sénégal, régulièrement confrontés à des poursuites judiciaires pour leurs propos à l’antenne ou sur les réseaux sociaux. Le Syndicat des Professionnels de l’Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS) a annoncé qu’il suivait l’affaire « avec la plus grande attention » et demandera des garanties pour la protection des journalistes.
TFM, la chaîne qui emploie le chroniqueur, n’a pour l’heure publié aucun communiqué officiel. Toutefois, selon une source interne, une réunion éditoriale exceptionnelle s’est tenue ce matin pour évaluer les retombées de l’affaire sur la ligne de programmation de l’émission Jakaarlo Bi.
Contexte juridique : L’article 255 du Code pénal sénégalais prévoit jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour la diffusion, par voie de presse ou par tout autre moyen de communication, de fausses nouvelles susceptibles de troubler l’ordre public ou de discréditer les institutions. La combinaison avec d’autres articles liés à la sûreté de l’État place l’affaire Gadiaga dans une zone juridiquement sensible, où les recours pourraient prendre plusieurs semaines, voire mois.
La défense a d’ores et déjà annoncé l’introduction prochaine d’une demande de mise en liberté provisoire.
La rédaction de THIEYSEBNEGAL.com