Polémique autour de la “légitimité” : Madiambal Diagne interpelle le Procureur après les propos de Guy Marius Sagna
THIEYSENEGAL.com : Une déclaration du député Guy Marius Sagna continue d’alimenter le débat politique et médiatique. En évoquant une supposée dualité au sommet de l’État — un président “légal” et un président “légitime” — le parlementaire a suscité une vive réaction du journaliste et patron de presse Madiambal Diagne, qui appelle désormais à l’ouverture de poursuites pour offense au chef de l’État.
C’est sur le réseau social X (ex-Twitter) que Madiambal Diagne, directeur de Avenir Communications, a interpellé publiquement le Procureur de la République, estimant que les propos du député sont assimilables à une atteinte à l’autorité du président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
« Guy Marius Sagna relève que le Sénégal a deux présidents : un « légal, élu » (Diomaye Faye) et un « légitime » (Ousmane Sonko). Comme du temps de feu où Sonko traitait Macky Sall de Président illégitime ! Le Procureur détournera-t-il le regard de cette autre Offense au Chef de l’Etat ? », a écrit le journaliste.
Un discours politiquement chargé
La déclaration à l’origine de la controverse a été faite lors d’un point de presse ou d’une intervention publique du député, membre de la coalition au pouvoir, dans laquelle il a présenté la gouvernance actuelle comme portée par deux figures : le président Diomaye Faye, qu’il qualifie de “président légal”, et le Premier ministre Ousmane Sonko, présenté comme “président légitime”, en référence à la popularité et au leadership militant de ce dernier.
Une formulation qui n’a pas tardé à être interprétée comme une remise en question implicite de l’autorité unique du chef de l’État, élu au suffrage universel en mars 2024. Si pour certains observateurs, les propos de Guy Marius Sagna relèvent davantage du registre politique que juridique, d’autres estiment qu’ils pourraient être assimilés à une infraction selon les articles du Code pénal réprimant les offenses à l’encontre du président de la République.
Un précédent dans le débat public sénégalais
La référence à une prétendue “illégitimité” d’un président n’est pas nouvelle dans le paysage politique sénégalais. Ousmane Sonko lui-même, alors dans l’opposition, avait plusieurs fois contesté la légitimité politique de l’ex-président Macky Sall, notamment après les évènements électoraux controversés de 2019.
Toutefois, dans le contexte actuel où les institutions cherchent à s’installer dans un climat de stabilité post-alternance, la sortie de Guy Marius Sagna est perçue par certains comme un message brouillant la lisibilité institutionnelle, surtout émanant d’un député de la mouvance présidentielle.
Légalement, que risque Guy Marius Sagna ?
Au Sénégal, l’offense au chef de l’État est prévue à l’article 254 du Code pénal. L’infraction est passible d’amende et, dans certains cas, de peine d’emprisonnement, bien que son application reste rare dans les faits récents. Le débat reste vif entre les défenseurs de la liberté d’expression et les partisans d’un encadrement plus strict des prises de parole publiques.
Aucune suite judiciaire n’a pour l’instant été officiellement annoncée, mais la balle est désormais dans le camp du Parquet, à la suite de cette interpellation publique.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com