THIEYSENEGAL.com : Trois casquettes en moins d’un an. Député, ministre, désormais maire de Dakar, Abass Fall incarne une nouvelle figure montante de la scène politique sénégalaise. Lundi 25 août 2025, l’ancien ministre du Travail a officiellement pris les rênes de la capitale, succédant à Barthélémy Dias, à l’issue d’un vote municipal âprement disputé. Il a aussitôt annoncé qu’il ne cumulerait pas ses fonctions, en rupture avec certaines pratiques politiques encore courantes.
De l’hémicycle à l’exécutif local : une trajectoire éclair
Candidat tête de liste de Pastef aux législatives du 17 novembre 2024, Abass Fall avait fait une entrée remarquée à l’Assemblée nationale. Quelques semaines plus tard, il rejoignait l’exécutif en tant que ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, un portefeuille sensible dans un contexte marqué par les tensions sur le marché du travail.
Nommé en remplacement de Yankhoba Diémé, lui-même promu aux Infrastructures, Fall s’était donné pour priorité la réforme du secteur de l’emploi, en multipliant les initiatives pour l’insertion professionnelle des jeunes et la rationalisation du dialogue social. Mais son passage rue Amadou Assane Ndoye sera finalement de courte durée.
Une victoire politique stratégique dans la capitale
L’élection municipale du 25 août marque un point de bascule. Avec 49 voix sur 88, Fall a obtenu une majorité claire face à Ngoné Mbengue (30 voix), candidate soutenue par une frange de la coalition Benno Bokk Yakaar. Cette victoire est plus qu’un simple changement de gestion municipale : elle consacre la percée continue de l’ex-parti Pastef dans les institutions, sept mois après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle.
Le scrutin municipal a été rendu possible à la suite de la démission controversée de Barthélémy Dias. Contestée par l’ancien maire, cette décision a été entérinée par la justice. Ce lundi matin, la Cour suprême a rejeté la requête en référé de Dias, validant ainsi la procédure qui a mené à l’élection de Fall.
Une promesse de rupture avec la politique de cumul
Fidèle à la ligne prônée par Pastef, Abass Fall a réaffirmé son engagement à ne pas cumuler les fonctions de maire et de ministre :
« Je l’ai toujours dit : je ne suis pas d’accord avec le cumul de postes, même si la loi le permet. Je ne vais pas cumuler mon poste de ministre avec celui de maire de Dakar. »
Le natif de Colobane – fief symbolique du militantisme dakarois – entend ainsi donner un signal fort en matière de gouvernance. Il a également appelé les membres du conseil municipal à dépasser les clivages politiques, en les invitant à travailler dans un esprit de consensus républicain au service des citoyens.
Défis et attentes à la tête de Dakar
Le nouveau maire hérite d’une ville en quête de transformation : urbanisme anarchique, insalubrité, saturation des transports, pression démographique, accès à l’eau et à l’électricité. Autant de chantiers pour lesquels l’ancien ministre devra maintenant prouver qu’il peut transformer son verbe politique en action concrète.
Dans son discours d’investiture, il a promis une gouvernance « participative, sobre et tournée vers les préoccupations réelles des Dakarois », soulignant sa volonté de rupture avec les pratiques de gestion jugées opaques ou clientélistes.
Une élection sous tension, mais juridiquement validée
Le contentieux entourant la démission de Barthélémy Dias a longtemps fait planer le doute sur la légitimité de l’élection. La Cour suprême a tranché ce lundi 25 août, estimant que la demande de suspension ne remplissait pas les conditions d’urgence ni de doute sérieux.
En rejetant le recours en référé-suspension, le juge a validé la procédure suivie par la préfecture, ouvrant définitivement la voie à l’élection d’Abass Fall. Même si un recours au fond reste possible, celui-ci ne pourra suspendre l’exercice du mandat.
Une nouvelle ère pour Dakar ?
Cette séquence politique marque un tournant pour la capitale. Plus qu’un simple changement de maire, c’est toute une dynamique politique qui s’impose à Dakar. Abass Fall, jeune figure du camp présidentiel, devient un acteur-clé du jeu institutionnel sénégalais. Son mandat sera scruté de près, tant par ses alliés que par ses adversaires. Pour beaucoup, Dakar pourrait être le laboratoire d’une nouvelle manière de faire de la politique.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com