Mission corrective au Sénégal : le FMI salue la transparence budgétaire mais alerte sur la soutenabilité de la dette

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THIEYSENEGAL.com : La visite de travail d’une délégation du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, conduite par M. Edward Gemayel, s’est achevée ce lundi 26 août sur une note à la fois encourageante et préoccupante. Cette mission technique, qui s’inscrit dans un contexte de révision majeure des finances publiques sénégalaises, a été consacrée à l’examen de mesures correctives à mettre en œuvre suite aux conclusions accablantes de la Cour des comptes publiées en février 2025.

Une dette publique nettement réévaluée

Point central des discussions : la révision substantielle du stock de la dette publique. À la lumière d’un audit indépendant mené par le cabinet Forvis Mazars, les autorités ont revu à la hausse le niveau de la dette du gouvernement central, passant de 74,4 % à 111,0 % du PIB fin 2023. Cette réévaluation est essentiellement imputable à des passifs non divulgués au cours des exercices 2019 à 2023. Pour 2024, les données provisoires situent désormais la dette à 118,8 % du PIB, un seuil considéré comme critique par de nombreux observateurs.

Transparence et responsabilité saluées

Malgré ces révélations, l’équipe du FMI a tenu à souligner la volonté manifeste des autorités sénégalaises de corriger le tir. Dans sa déclaration finale, Edward Gemayel a félicité le gouvernement pour « son engagement renouvelé en faveur de la transparence et de la discipline budgétaire », tout en insistant sur la nécessité d’actions structurelles pour éviter la récurrence de telles erreurs.

Les discussions ont notamment porté sur la centralisation des fonctions de gestion de la dette, le renforcement du Comité national de la dette publique, ainsi que l’achèvement de l’audit des arriérés de paiement, lancé le 21 juillet par l’Inspection générale des finances. Le FMI recommande également la mise en place d’une base de données unifiée sur l’endettement public et la consolidation progressive des comptes de l’État dans un Compte unique du Trésor, afin de mieux maîtriser les flux financiers.

Une économie sous tension mais résiliente

Sur le plan macroéconomique, la mission note des signaux positifs malgré le poids croissant de la dette. Le PIB a enregistré une croissance exceptionnelle de 12,1 % au premier trimestre 2025, tirée par l’entrée en production des champs pétrolier et gazier de Sangomar et GTA. Toutefois, hors hydrocarbures, la dynamique reste faible, limitée à 3,1 %, en raison notamment des difficultés dans les secteurs de la construction et de l’industrie chimique, affectés par les arriérés de paiement.

Côté inflation, les chiffres restent contenus, à 0,7 % en glissement annuel jusqu’en juillet, un niveau qui reflète une certaine stabilité des prix à la consommation.

Vers un nouveau programme de réformes

À la demande des autorités, le FMI se dit prêt à accompagner le Sénégal dans l’élaboration d’un nouveau programme économique, aligné sur la Vision 2050 et le Plan de redressement économique et social (PRES) récemment dévoilé. Ce programme, encore en cours de négociation, devrait s’articuler autour de quatre piliers stratégiques :

  1. Renforcer la gestion des finances publiques et la transparence budgétaire ;

  2. Soutenir la relance des secteurs clés pour une croissance inclusive ;

  3. Accroître le capital humain et l’équité sociale ;

  4. Renforcer la résilience face aux aléas climatiques et aux chocs extérieurs.

Une confiance sous conditions

Si le FMI se montre disposé à renouveler son soutien, il reste vigilant. « La transparence est un impératif, pas une option », a rappelé un membre de la délégation sous couvert d’anonymat. Le conseil d’administration du Fonds devra prochainement se prononcer sur un éventuel nouvel accord avec Dakar, en tenant compte des avancées concrètes dans la mise en œuvre des mesures correctives.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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