Affaire Fallou Fall : Acquittement en appel après cinq ans de détention, un procès sous tension judiciaire
THIEYSENEGAL : Le rideau est tombé sur l’une des affaires judiciaires les plus sensibles de ces dernières années. La Cour d’appel de Dakar a prononcé, ce mardi, l’acquittement de Serigne Fallou Fall, 33 ans, mettant un terme à un procès qui a suscité de vives réactions dans l’opinion publique et divisé la société civile.
Condamné à 15 ans de réclusion criminelle en première instance par le tribunal de Pikine-Guédiawaye le 7 janvier 2025 — verdict faisant suite au jugement du 3 décembre 2024 — Fallou Fall était poursuivi pour viol et actes de pédophilie sur sa demi-sœur alors âgée de 5 ans, à la suite d’une plainte déposée par sa tante, Fatima Dieng.
Incarcéré depuis le 17 mars 2020, Fallou a toujours clamé son innocence. Son dossier, largement médiatisé, a connu un tournant lors des débats en appel, où la défense a soulevé plusieurs incohérences dans les témoignages ainsi que des éléments médicaux jugés déterminants, notamment un rapport d’expertise attestant de l’intégrité de l’hymen de la présumée victime.
Lors de l’audience du 30 juillet 2025, l’avocat général avait surpris en requis l’acquittement, estimant que les charges retenues en première instance ne reposaient pas sur des preuves solides.
Le verdict d’aujourd’hui marque ainsi la fin de cinq années de détention pour Fallou Fall, malgré plusieurs demandes de liberté provisoire rejetées au fil de la procédure.
Ce dossier soulève à nouveau la question de la rigueur des enquêtes préliminaires et de la responsabilité judiciaire dans les affaires de mœurs, où la preuve matérielle est souvent difficile à établir. Il relance également le débat sur les conditions de détention provisoire prolongée au Sénégal, et la nécessité de réformes structurelles dans l’appareil judiciaire pour garantir à la fois la protection des victimes et la présomption d’innocence des accusés.
Serigne Fallou Fall a quitté la salle d’audience libre, visiblement ému mais silencieux. Son avocat a salué « une victoire de la vérité sur la précipitation judiciaire », tout en rappelant que son client « a perdu cinq années de sa vie dans une procédure qui aurait pu être évitée avec plus de rigueur dès le départ ».
L’affaire, bien que close juridiquement, continuera sans doute d’alimenter les discussions sur les équilibres complexes entre justice, émotion sociale et protection des mineurs.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com