Sénégal – Marché noir pharmaceutique : 438 kg de faux médicaments saisis, un péril silencieux évalué à 503 millions FCFA
SENTV : Une vaste opération de démantèlement menée du 18 au 29 août par l’Agence Sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique (ARP), en collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), a permis de saisir 438 kilogrammes de faux médicaments, pour une valeur marchande estimée à 503 millions FCFA.
Cette mission ciblée, appuyée par des renseignements de terrain, a mis au jour plusieurs réseaux organisés de distribution illicite de médicaments falsifiés et de compléments alimentaires non homologués, actifs dans plusieurs quartiers de Dakar : Grand Yoff, Médina, Thiaroye, Foire et Scat Urbam.
Un arsenal médicamenteux à haut risque
Parmi les produits saisis figurent une gamme large et inquiétante : antalgiques, anti-inflammatoires, antitussifs, antihypertenseurs, antidiabétiques, abortifs, mais aussi des stimulants sexuels, produits de blanchiment de la peau, de croissance mammaire ou génitale, ainsi que des matériels pour chirurgie esthétique artisanale.
Ce cocktail dangereux, souvent stocké dans des conditions insalubres et vendu sans aucun contrôle, échappe totalement à la réglementation pharmaceutique en vigueur. « Ces substances représentent un risque élevé de complications médicales graves, allant jusqu’à l’insuffisance rénale ou hépatique », alerte un cadre technique de l’ARP.
Des conséquences sanitaires déjà visibles
Selon l’ARP, les dernières évaluations sanitaires ont établi une corrélation directe entre la consommation de ces produits et une hausse inquiétante de pathologies hépatiques et rénales au Sénégal, notamment chez des jeunes et des femmes en quête de produits minceur ou éclaircissants.
Les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme : la contrefaçon médicamenteuse ne relève plus d’un simple trafic de rue, mais d’un problème de santé publique majeur, avec des ramifications économiques et sociales profondes.
Une économie parallèle difficile à éradiquer
Ce trafic, bien que dangereux, reste alimenté par des facteurs structurels : coût élevé des médicaments officiels, accès inégal à la couverture sanitaire, et désinformation sur les effets supposés de certains produits vendus sur les marchés parallèles.
Les acteurs du secteur pharmaceutique appellent à une intensification des contrôles, mais aussi à une campagne nationale de sensibilisation, notamment dans les zones périurbaines, où la vente à la sauvette de médicaments reste fréquente.
Un rappel ferme des autorités
L’ARP rappelle que les pharmacies demeurent les seuls points de vente autorisés de médicaments au Sénégal, conformément au Code de la santé publique. Toute vente en dehors de ce circuit légal est passible de sanctions pénales, incluant peines d’emprisonnement et saisies de biens.
Selon l’OMS, 1 médicament sur 10 serait falsifié dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus touchées par ce phénomène. Le Sénégal, en tant que hub commercial régional, reste une cible privilégiée des trafiquants, malgré les efforts accrus des autorités ces dernières années.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com