THIEYSENEGAL.com : Le déficit de données désagrégées au niveau local continue de freiner la planification du développement dans les collectivités territoriales sénégalaises, selon les conclusions d’un atelier régional organisé ce vendredi à Kolda par l’Observatoire national de la décentralisation et du développement local (ONDDL).
Réunissant élus locaux, techniciens municipaux et représentants d’agences étatiques, la rencontre a mis en lumière un problème structurel : l’accès limité à l’information actualisée et contextualisée, indispensable pour une gouvernance territoriale efficace.
« L’accès à l’information des collectivités territoriales est toujours problématique », a alerté Babacar Thiam, représentant du directeur général de l’Agence de Développement Local (ADL).
Si certaines bases de données existent à l’échelle nationale ou régionale, elles ne sont pas désagrégées par commune, ce qui les rend difficilement exploitables pour les maires et les conseils municipaux, censés piloter le développement local en fonction des réalités de terrain.
Ce déficit d’informations pertinentes freine la conception de politiques locales ciblées, fondées sur des besoins réels, et nuit à l’efficacité des plans de développement économique et social (PDES), censés orienter les actions municipales.
Outre le volet informationnel, les communes sont également confrontées à une forte dépendance financière vis-à-vis de l’État central. D’après les statistiques partagées par l’ONDDL lors de l’atelier, plus de 50 % des collectivités locales dépendent à plus de 60 % des transferts financiers de l’État pour fonctionner. Une situation qui limite leur autonomie et leur capacité à initier des projets structurants.
La mobilisation des ressources propres, censée être un levier de souveraineté budgétaire, reste encore largement en deçà des objectifs fixés, notamment en ce qui concerne la fiscalité locale et la valorisation du patrimoine communal.
Les participants ont insisté sur la nécessité d’outiller les communes avec des instruments de collecte et d’analyse de données, mais aussi de promouvoir des approches innovantes de financement local, en explorant notamment les partenariats public-privé (PPP), la coopération décentralisée, ou encore la digitalisation des services fiscaux municipaux.
« L’enjeu, c’est de rendre nos territoires capables de penser et de financer leur propre développement, en s’appuyant sur des données concrètes et des ressources durables », a souligné un élu local présent à l’atelier.
Dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation, le Sénégal a engagé un vaste processus de territorialisation des politiques publiques. Toutefois, ce chantier peine à atteindre sa pleine maturité en raison d’un manque d’outils statistiques fiables au niveau local, d’un encadrement technique insuffisant, et d’un manque de ressources humaines qualifiées dans de nombreuses communes.
L’ONDDL, en collaboration avec des partenaires comme l’ADL, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ou encore l’ANSD, s’attelle à développer des indicateurs harmonisés et des plateformes numériques pour faciliter la production et l’accès aux données locales. Un pas indispensable vers une gouvernance locale efficace, inclusive et durable.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com