Diabète, suicide, xeesal… Le Sénégal face à une crise sanitaire à géométrie variable

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THIEYSENEGAL : L’enquête nationale STEPS sur les maladies non transmissibles (MNT), conduite par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’apprête à être vulgarisée à l’échelle nationale. Mais en amont de cette campagne, les premières données révélées par L’Observateur dressent un état des lieux préoccupant : les Sénégalais ne sont pas égaux face à la maladie, et certaines régions paient un tribut particulièrement lourd.

Entre diabète, hypertension, xeesal, idées suicidaires et violences physiques, l’étude dévoile une fracture sanitaire régionale qui interpelle fortement les acteurs de la santé publique.

Diabète : Dakar et Thiès en première ligne

Avec 7,7 % de la population touchée à Dakar et 5,2 % à Thiès, ces deux pôles urbains concentrent les taux de diabète les plus élevés du pays, bien au-dessus de la moyenne nationale estimée à 4,2 %. Urbanisation galopante, modes de vie sédentaires et alimentation déséquilibrée sont pointés du doigt. Ces chiffres traduisent aussi un déficit de sensibilisation au dépistage précoce et un accès encore inégal aux soins adaptés.

La région nord du pays fait figure d’exception… mais pas dans le bon sens. À Saint-Louis, 43,3 % des adultes souffrent d’hypertension artérielle, ce qui constitue le taux le plus élevé au niveau national. Une réalité inquiétante qui révèle une crise cardiovasculaire silencieuse, souvent aggravée par le manque de suivi médical, l’automédication et l’ignorance des signes avant-coureurs.

Xeesal : Louga, Kaffrine et Kaolack, foyers d’une pratique dangereuse

La dépigmentation volontaire, ou xeésal, continue de faire des ravages, malgré les campagnes de sensibilisation. Louga affiche un taux de 20,8 % d’utilisatrices, suivie de Kaffrine et Kaolack (20 % chacune), soit cinq points au-dessus de la moyenne nationale (15 %). Outre les risques dermatologiques, ces produits exposent à des complications endocriniennes et rénales parfois irréversibles. Le phénomène, enraciné dans des normes de beauté eurocentrées, pose un problème de santé publique majeur.

Dans la région de Fatick, 26,9 % des personnes interrogées déclarent avoir eu des pensées suicidaires, soit plus du double de la moyenne nationale (13 %). Ce chiffre glaçant met en lumière l’urgence d’investir dans la santé mentale, encore largement négligée dans les politiques de santé sénégalaises. Faute de structures spécialisées, de psychologues dans les centres de santé ou de lignes d’écoute fiables, la détresse psychologique reste sous-estimée et peu prise en charge.

Les taux de violence physique rapportés dans l’enquête sont choquants : 67,7 % à Diourbel et 59,2 % à Dakar. Ce niveau élevé traduit une normalisation de l’agression physique, notamment dans les cercles familiaux ou de voisinage. La faiblesse des dispositifs de prévention, le silence des victimes et le manque de réponses judiciaires adaptées aggravent la situation. Pour beaucoup d’acteurs communautaires, c’est le symptôme d’une société sous tension.

L’enquête STEPS ne se limite pas à fournir des statistiques : elle appelle à une refonte des politiques sanitaires, plus territorialisées, plus préventives et surtout plus réactives. En rendant visible l’ampleur des disparités régionales, elle permet aux autorités d’ajuster les interventions en fonction des réalités locales.

Le Ministère de la Santé prévoit une campagne nationale de restitution et de vulgarisation des résultats, avec des ateliers régionaux pour associer collectivités territoriales, structures de santé et société civile à la réflexion sur les priorités sanitaires régionales.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

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