Mbour – Violences conjugales : un homme perd un œil en tentant de forcer le domicile de son ex-épouse
THIEYSENEGAL : Le tribunal de grande instance de Mbour a examiné, cette semaine, une affaire mêlant violences conjugales, légitime défense et vengeance présumée. Au cœur du dossier : Mor Mb., un homme de plus de 50 ans, défiguré après une tentative d’intrusion nocturne chez son ex-compagne, et trois colocataires de cette dernière, poursuivis pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une infirmité permanente.
Les événements remontent à août dernier, dans le quartier Liberté 2 de Mbour. Séparée de son époux après 22 années de vie commune et sept enfants, Mame Khady D., commerçante, avait quitté le domicile conjugal pour s’installer avec ses enfants dans une maison partagée avec d’autres locataires.
Dans la nuit des faits, Mor Mb. se serait introduit par effraction dans l’appartement, prétendument pour discuter avec sa femme. Selon plusieurs témoignages, il aurait été armé d’un couteau, menaçant et violent, avant d’être maîtrisé par trois colocataires de Mame Khady D., à savoir Ibrahima C., Lamine C. et Lamine S.
Une bagarre éclate. Une pierre lancée atteint Mor Mb. à l’œil gauche, provoquant une rupture du globe oculaire et une incapacité temporaire de travail (ITT) de 60 jours, selon le certificat médical versé au dossier.
À l’audience, Mor Mb. a nié toute volonté d’agression, affirmant qu’il s’agissait d’une visite pacifique destinée à partager un repas avec ses enfants, rendez-vous qui, selon lui, avait été convenu à l’avance avec son ex-épouse. Cette version est fermement contestée par Mame Khady D., qui a expliqué que l’homme refusait d’accepter la séparation et lui faisait régulièrement subir des violences physiques et psychologiques.
Les trois prévenus, quant à eux, ont reconnu avoir intervenu en urgence pour protéger la femme et ses enfants, mais nient avoir eu l’intention de causer une blessure aussi grave. Le procureur, peu convaincu, a requis deux ans de prison ferme, estimant que les accusés avaient outrepassé les limites de la légitime défense. Il a également souligné l’absence de remords manifestée par les prévenus à la barre.
La partie civile, représentant Mor Mb., a réclamé 200 000 francs CFA de dommages et intérêts, en réparation de la perte irréversible de l’œil.
De son côté, Mame Khady D. a réitéré devant le tribunal sa volonté de divorcer définitivement, évoquant un climat de peur permanent dans lequel elle vivait. L’affaire illustre la complexité des violences intrafamiliales, dans un contexte social où la séparation reste souvent mal acceptée, particulièrement lorsque les relations sont longues et marquées par une forte emprise psychologique.
Le verdict est attendu pour le 23 septembre, une décision très attendue à Mbour, tant par les défenseurs des droits des femmes que par ceux qui plaident pour un encadrement plus clair de la légitime défense dans les conflits domestiques.
La redaction de THIEYSENEGAL.com