Affaire Madiambal Diagne : Un contrat public de 250 milliards au cœur d’un système de détournement familial ?
THIEYSENEGAL.com : Alors qu’il s’est installé en France dans un contexte de fuite présumée, Madiambal Diagne, ancien journaliste influent et homme d’affaires, se retrouve au cœur d’un scandale financier d’État, impliquant plus de 12 milliards FCFA de flux financiers suspects. L’affaire touche aussi sa famille proche : son épouse Mame Bineta Diaby, ses fils Mohamed et Saliou, ainsi que son marabout Serigne Mor Mbaye, placés sous mandat de dépôt par le juge du 1er cabinet du pool judiciaire financier.
Selon les révélations du réquisitoire introductif du parquet financier, signé par le procureur adjoint Ablaye Diouf, il s’agirait d’un montage complexe et prémédité, centré autour d’un contrat public de 250 milliards FCFA, dans le cadre du Programme de Modernisation des Infrastructures de la Justice (PMCIJ).
Une sous-traitance anticipée au cœur du dispositif
Tout commence en février 2020, lorsque la société française Ellipse Projects PTE Ltd signe, bien avant l’appel d’offres officiel, un contrat de sous-traitance de plus de 20 milliards FCFA avec la SCI Pharaon, entreprise familiale détenue exclusivement par Madiambal Diagne, son épouse et leurs enfants. Ce contrat a précédé de 10 mois la signature du contrat principal PPP, daté du 27 novembre 2020, pour la construction de 69 bâtiments judiciaires et d’un hôpital à Ourossogui.
Ce décalage temporel, selon le rapport de la CENTIF (Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières), constitue un indice fort de planification occulte et de favoritisme orchestré. Les prestations définies dans ce contrat secondaire décrivent déjà, en détail, les obligations du contrat principal… avant même qu’il ne soit signé.
Une entreprise familiale sans expertise, mais 12 milliards encaissés
La SCI Pharaon, créée en 2016 avec un capital de seulement 1 million FCFA, ne présente aucune qualification technique documentée en BTP ou ingénierie. Pourtant, entre avril 2021 et juin 2022, elle encaisse plus de 12 milliards FCFA, versés par Ellipse Projects, selon les données bancaires analysées.
Les enquêteurs relèvent également :
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Des dépôts bancaires en doublon dépassant les 4 milliards FCFA.
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Des retraits massifs en espèces.
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Des chèques versés à des particuliers, sans contrepartie contractuelle.
Parmi les bénéficiaires figure Mame Bineta Diaby, épouse de Madiambal Diagne, qui aurait perçu sept chèques totalisant 1,176 milliard FCFA. Aucune justification économique ou statutaire n’a pu être apportée.
L’hypothèse du montage structuré : blanchiment par société écran
Le parquet estime que la SCI Pharaon a servi de structure écran pour capter illicitement des fonds publics. La société aurait également tenté d’utiliser la visibilité du contrat public pour obtenir un financement privé de 5 milliards FCFA, dans le cadre d’un projet de tour immobilière aux Mamelles.
« Tous ces éléments indiquent un blanchiment de capitaux opéré par un groupe criminel organisé et utilisant les facilités de l’activité professionnelle », note le procureur dans son acte introductif.
Du côté d’Ellipse Projects, les responsables Alex Alizé, Olivier Picard (fondateur) et Arnaud Cudel (responsable au Sénégal) sont accusés d’avoir participé activement à la structuration frauduleuse du contrat. Ils auraient accepté de verser une rémunération disproportionnée à une société sans compétences avérées, en validant des flux financiers injustifiés.
Inculpations en cascade, mandats de dépôt exigés
Le parquet a retenu les chefs suivants :
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Association de malfaiteurs dans le cadre d’un groupe criminel organisé.
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Escroquerie portant sur des deniers publics (estimés à 12 milliards FCFA).
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Blanchiment de capitaux aggravé.
Sont visés :
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Madiambal Diagne (désigné comme « décideur réel »)
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Mohamed Diagne (présumé signataire de façade)
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Alex Alizé, Olivier Picard, Arnaud Cudel
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X (complice non encore identifié)
Contre Mame Bineta Diaby, une inculpation pour complicité de blanchiment est requise, le parquet considérant qu’elle ne présente pas de garanties suffisantes de représentation en justice et pourrait chercher à dissimuler des fonds ou entrer en collusion avec d’autres suspects.
Saisies conservatoires et gel des avoirs
Le parquet a également demandé :
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Interdiction de sortie du territoire pour tous les inculpés ;
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Gel des comptes bancaires personnels et professionnels ;
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Saisies conservatoires sur les immeubles, fonds de commerce, véhicules et autres biens des inculpés et leurs proches.
Un mandat a été adressé à la Direction des transports, aux conservateurs fonciers, aux établissements bancaires et au Tribunal de commerce pour l’identification de tous les actifs liés directement ou indirectement aux prévenus.
En attendant le retour de Madiambal Diagne ?
L’ancien patron de presse, aujourd’hui absent du territoire, reste le principal visé par cette procédure. En exil volontaire ou en fuite judiciaire ? La question reste ouverte, mais les pièces à conviction financières accumulées par la CENTIF et le parquet pèsent lourdement sur l’hypothèse d’un retour sans incarcération immédiate.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com