« Par honneur et par vérité » : Salimata Dieng réagit vigoureusement à son éviction — Sonko, Diomaye et PASTEF au cœur des remous
Salimata Dieng, adjointe au Secrétaire général national de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS), ranime le débat politique en publiant, ce jeudi, une déclaration puissante intitulée « Par honneur et par vérité ». Elle y dénonce sans détour son limogeage en tant que chargée de mission à la Présidence de la République, qu’elle attribue à sa prise de parole en faveur de la jeunesse et des militants.
Dans sa prise de parole, Salimata Dieng rappelle qu’elle avait déjà, le 10 septembre dernier, publié un texte sur Facebook dénonçant les dysfonctionnements internes de PASTEF — notamment « la faible implication des jeunes et des militants sincères ». Elle y affirme ne l’avoir fait que parce qu’elle estimait ne plus avoir d’autre voie pour se faire entendre sincèrement.
« Je ne cacherai pas ma déception d’avoir été limogée pour avoir exprimé, dans un parti qui prône la démocratie interne et la liberté de parole, une opinion sincère », écrit-elle, insistant sur le fait qu’elle n’a jamais cherché à « fragiliser » ni à exiger des nominations, mais à alerter.
Elle invoque les principes enseignés par Ousmane Sonko — « le sacrifice et l’abnégation » —, tout en citant François Hollande et Max Weber pour justifier sa démarche : « la seule loyauté véritable, c’est celle envers le peuple ».
Revenant sur sa relation avec le Président Bassirou Diomaye Faye, elle le remercie pour la confiance initiale. Toutefois, elle martèle : « Un limogeage n’éteint pas les convictions, n’interrompt pas l’engagement, et ne freine pas une carrière. » Avec la formule islamique « (Fa inna ma‘a al-‘usri yusrā) », elle marque une résilience assumée.
Après la publication du texte, Salimata Dieng a été convoquée les 11 et 12 septembre, aux côtés d’autres chargés de mission.
Trois semaines plus tard, elle reçoit une notification de limogeage, datée du 12 septembre.
La décision lui a été officiellement notifiée début octobre, par arrêté présidentiel daté du 17 septembre.
Interrogée dans Libération, elle affirme avoir agi non pas en collaboratrice du Palais, mais en tant que responsable de la JPS : « Je parlais en tant que responsable de la JPS et je l’ai signé comme tel »
Selon ses confidences, c’est le ministre en charge des Affaires juridiques et directeur de cabinet adjoint, Sidy Alpha Ndiaye, qui aurait évoqué une accusation de « manque de loyauté » envers le Président. Salimata Dieng réfute cette accusation : « Il n’est pas plus loyal que moi », réplique‑t‑elle.
L’éviction de Salimata Dieng suscite des interrogations sur la liberté de parole au sein de PASTEF, un parti qui, depuis sa fondation, se réclame de la transparence, de la justice et d’une forte implication des jeunes. D’aucuns soulignent l’apparente contradiction de sanctionner une voix interne qui critique dans un esprit constructif — surtout quand le parti met en avant son dynamisme et son engagement citoyen.
Certains observateurs y voient aussi l’expression d’un malaise latent entre la base militante (notamment la jeunesse) et les nouveaux cadres du pouvoir, dont l’alignement sur le sommet de l’État est scruté. Le choix de sanctionner une voix interne pourrait être perçu comme un message à ceux qui osent interpeller la hiérarchie ou revendiquer davantage d’influence.
Salimata Dieng, quant à elle, ne se dit pas isolée : soutenue par des messages de sympathie, elle réaffirme sa fidélité à PASTEF et son projet pour un « Sénégal juste, souverain et prospère ». Elle appelle ses camarades à renforcer la cohésion, sous peine que le parti ne s’enlise dans une culture du silence.