Farba Ngom : la défense exige la levée du mandat de dépôt pour raisons médicales et dénonce une détention arbitraire

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THIEYSENEGAL : Neuf mois après son incarcération dans le cadre d’une affaire présumée de blanchiment de capitaux et de détournement de deniers publics, Farba Ngom, ex-député et proche de l’ancien régime, revient au centre de l’actualité judiciaire. Son pool d’avocats, conduit par Me Baboucar Cissé, a lancé ce dimanche un appel pressant à la justice : mettre fin à la détention de leur client, dont l’état de santé serait incompatible avec un maintien en prison.

Placé sous mandat de dépôt le 27 février 2025, Farba Ngom est poursuivi aux côtés de l’homme d’affaires Tahirou Sarr, incarcéré un jour plus tard. Selon la défense, aucun des deux prévenus n’a été entendu sur le fond du dossier depuis leur arrestation, une situation jugée « profondément attentatoire aux droits fondamentaux ».

« Voilà neuf mois que deux citoyens sénégalais sont emprisonnés sans avoir eu la moindre possibilité de répondre aux accusations qui pèsent sur eux. Ce n’est plus une instruction, c’est une détention sans fondement », a martelé Me Cissé devant la presse.

Au cœur de cette requête : l’état de santé préoccupant de Farba Ngom. Le jour même de son inculpation, l’ancien député s’était présenté devant le juge avec un dossier médical sollicitant une expertise. D’après Me Cissé, cette demande a été ignorée dans un premier temps, malgré la désignation ultérieure de trois professeurs-médecins civils, dont le rapport convergent indique un risque de “mort subite” en cas de maintien en détention.

« L’article 140, alinéa 2 du Code de procédure pénale est clair : en cas d’incompatibilité médicale avec la détention, la levée du mandat est obligatoire. Il ne s’agit pas d’une faveur, mais d’une obligation légale », a souligné l’avocat, dénonçant une interprétation biaisée de la loi.

Me Cissé a également contesté le placement de son client dans un centre hospitalier sous surveillance carcérale, qu’il considère comme une détention déguisée.

« Être hospitalisé sous garde pénitentiaire, c’est toujours vivre en prison. Ce que nous demandons, c’est une levée du mandat de dépôt, avec un éventuel placement sous contrôle judiciaire, pour permettre à M. Ngom de se soigner dignement. »

Sur le fond du dossier, les avocats remettent en question la base même des poursuites. L’affaire, portée par la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), repose selon eux sur une procédure déficiente, sans enquête préliminaire indépendante ni confrontation des preuves.

« Cette loi sur la CENTIF est scélérate. Elle permet de priver une personne de liberté sans qu’elle n’ait eu l’occasion de se défendre. On vous accuse, on gèle vos comptes, on saisit vos biens, mais aucune audition, aucune preuve concrète n’a été apportée », a soutenu Me Cissé, appelant à un réexamen critique de cette législation.

Concernant le montant évoqué de 125 milliards de francs CFA supposément détournés du Trésor public, l’avocat s’interroge : « Où sont les documents budgétaires ? Où sont les inspecteurs du Trésor ? Où sont les ordres de décaissement ? Rien de tout cela n’apparaît dans le dossier. »

La défense dénonce également un traitement inéquitable, évoquant un déséquilibre dans le traitement de certaines affaires et un « piétinement manifeste des droits de la défense ».

« Le respect des droits de la défense n’est pas une option. C’est un pilier de notre État de droit, garanti par la Constitution. Aujourd’hui, Farba Ngom est privé de ce droit depuis plus de neuf mois, sans être confronté aux faits qu’on lui reproche. Il est temps de respecter la loi », a conclu Me Cissé.

Alors que le dossier est scruté de près tant par les observateurs nationaux que par les partenaires juridiques internationaux, cette sortie du pool d’avocats pourrait relancer le débat sur les conditions de détention préventive au Sénégal, la place de la médecine dans le droit pénal, et plus largement sur la nécessité d’un équilibre entre lutte contre la corruption et respect des droits fondamentaux.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

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