Discours haineux à Dakar : six mois de prison ferme requis contre Lamignou Darou et Boy Dakar

0

THIEYSENEGAL.com : Le tribunal des flagrants délits de Dakar a tenu, ce mardi matin, une audience très attendue dans l’affaire opposant le ministère public à Mandoumbé Diop, alias Lamignou Darou, et Serigne Mbaye Diagne, connu sous le nom de Boy Dakar. Les deux hommes sont poursuivis pour discours contraires aux bonnes mœurs, injures publiques via un système informatique, et menaces ciblant un groupe ethnique, des infractions lourdes de conséquences dans un contexte national déjà sensible.

Une comparution sous tension

Les prévenus, placés en détention provisoire depuis plusieurs jours, ont comparu pour répondre d’une série de déclarations virulentes et jugées dangereusement provocatrices. Lamignou Darou s’est notamment illustré par une série de propos particulièrement offensants. À la barre, il a tenté de justifier ses paroles comme étant une réaction à ce qu’il qualifie de provocation politique. Il a ainsi déclaré, sans filtre, qu’« il serait plus facile de dissoudre les mariages des parents de ceux qui ont participé à la marche du 19 septembre que d’effacer Ousmane Sonko ». Plus grave encore, il a menacé de « castrer » des femmes, un propos d’une extrême violence, choquant jusqu’au sein du tribunal.

Son co-accusé, Boy Dakar, s’est quant à lui livré à une attaque frontale contre l’ancien président Macky Sall, le traitant publiquement de « pire des hommes », dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Les deux mis en cause ont, durant l’audience, exprimé leurs regrets et présenté des excuses, affirmant avoir été emportés par l’émotion et la colère.

Des réquisitions lourdes pour des propos jugés dangereux

Le procureur de la République n’a pas mâché ses mots. Dans son réquisitoire, il a estimé que les déclarations des deux hommes « portent gravement atteinte à la dignité humaine et à la cohésion sociale », des valeurs que le parquet dit vouloir protéger fermement. Il a ainsi requis six mois de prison ferme contre chacun des prévenus, dénonçant « une escalade verbale intolérable » dans un contexte politique déjà tendu.

Une défense qui plaide l’excès émotionnel

La défense, composée de plusieurs avocats dont Mes Ousseynou Ngom, Famara Faty, Takha Cissé, Mamadou Guèye et Arona Bass, a plaidé la clémence. Elle a évoqué « une parole incontrôlée dans un climat d’extrême tension » et insisté sur les remords exprimés par leurs clients. Selon la défense, ni Lamignou Darou ni Boy Dakar n’avaient l’intention de semer la haine ou de diviser le tissu social sénégalais.

Un verdict attendu dans un climat chargé

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré et rendra son verdict le 20 octobre 2025. En attendant, Lamignou Darou et Boy Dakar resteront en détention. Cette affaire, qui cristallise les tensions autour de la liberté d’expression, des limites du discours politique et des dérives sur les réseaux sociaux, fait l’objet d’un vif débat dans l’opinion publique.

Dans un pays où les mots ont toujours eu un poids politique et social fort, ce procès pourrait faire date en fixant un cadre plus strict à la parole publique, notamment dans l’espace numérique.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.