THIEYSENEGAL.com : Le Sénégal vit un moment inédit de son histoire démocratique, où transparence budgétaire et responsabilité politique convergent pour redessiner les contours de la gouvernance publique. Au cœur de ce basculement : la reconnaissance officielle d’une dette dissimulée par le Fonds monétaire international (FMI) et la possible mise en accusation de l’ancien président Macky Sall devant la Haute Cour de justice (HCJ).
C’est depuis Washington, en marge des Réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, que la Directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, a apporté une validation retentissante au processus de vérité engagé par les nouvelles autorités sénégalaises.
« Il s’agissait d’une dette dissimulée, et elles ont eu le courage de la révéler », a-t-elle déclaré, saluant la volonté de transparence du gouvernement dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye.
Cette déclaration, à la portée diplomatique forte, vient légitimer les accusations formulées depuis plusieurs mois par le pouvoir actuel contre l’administration précédente, tout en consolidant la crédibilité du Sénégal auprès de ses partenaires techniques et financiers.
Les engagements financiers évoqués, restés hors du circuit budgétaire officiel, n’avaient pas été intégrés dans les statistiques communiquées par le pays aux institutions de surveillance. Le gouvernement actuel les qualifie de « dettes hors bilan », ce qui, selon plusieurs analystes, constitue une entorse majeure aux règles de gouvernance financière.
La sortie du FMI marque ainsi un tournant, en apportant un soutien institutionnel à la version défendue par les autorités en place, et en ouvrant la voie à d’éventuelles responsabilités juridiques.
Sur le plan intérieur, l’onde de choc se prolonge à l’Assemblée nationale, où un projet de résolution visant à mettre en accusation Macky Sall a été officiellement déposé. L’information a été confirmée par Ayib Daffé, président du groupe parlementaire PASTEF, dans une déclaration relayée par Jeune Afrique :
« Le projet de résolution a été déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale. Normalement, il devra être examiné au cours de cette session. »
Conformément au règlement intérieur du Parlement, le texte doit franchir une étape de recevabilité devant la Commission des lois et le Bureau de l’Assemblée, avant d’être éventuellement soumis à la plénière. Si elle est adoptée, la mise en accusation ouvrirait la voie à un procès devant la Haute Cour de justice, seule instance habilitée à juger un ancien chef de l’État pour des faits liés à l’exercice de ses fonctions.
Même si la qualification juridique des faits n’a pas encore été rendue publique, les regards convergent vers les irrégularités présumées liées à la dette non déclarée. Cette phase de reddition des comptes, initiée dans un climat politique tendu, marque une volonté affichée de rompre avec l’impunité institutionnelle.
Pour certains observateurs, cette démarche constitue un précédent historique, en ce qu’elle met en jeu le principe de redevabilité au plus haut niveau de l’État. Pour d’autres, elle pourrait nourrir une lecture politique de la justice si elle ne s’accompagne pas de garanties de procédure équitable et d’indépendance des organes de contrôle.
En associant audit financier rigoureux, reconnaissance internationale, et démarche parlementaire transparente, le Sénégal engage un virage déterminant dans sa trajectoire démocratique. Au-delà de l’enjeu juridique, c’est toute la crédibilité de l’État qui se joue dans cette séquence, avec en toile de fond un message fort envoyé à la population comme à la communauté internationale : plus rien ne sera dissimulé, ni dans les comptes, ni dans les responsabilités.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com