« Crise zoonotique : le Pr Awa Marie Coll Seck exige l’activation de la riposte d’État face à la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) et au Mpox »
THIEYSENEGAL.com : Alors que le Sénégal doit faire face à deux menaces sanitaires majeures — la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) et le Mpox (anciennement variole du singe) —, le Pr Awa Marie Coll Seck, infectiologue chevronnée et ancienne ministre de la Santé, a lancé un appel pressant à une « riposte d’État au plus haut niveau ». Intervenant au cours de l’émission Grand Témoin, elle a souligné qu’il ne s’agit pas seulement d’un enjeu sanitaire mais d’un véritable défi politique et institutionnel.
Selon les dernières données du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique (Sénégal), la FVR a déjà causé 22 décès sur 277 cas confirmés à travers le pays. Pour ce qui est du Mpox, sept cas confirmés — ainsi que deux cas probables — ont été répertoriés depuis le 22 août 2025, tous dans la région de Dakar et aucun décès à ce jour.
La situation est particulièrement préoccupante dans la région de Saint-Louis, épicentre de la FVR, où les cas se concentrent dans plusieurs districts d’élevage.
Pour le Pr Coll Seck, les modalités de riposte ne doivent pas rester cantonnées au seul ministère de la Santé. « Quand il y a des problèmes de santé comme ceux-là, on les gère au plus haut niveau possible parce que ça devient un problème politique », a-t-elle affirmé.
Elle appelle à ce que la Présidence et la Primature s’engagent directement pour donner les moyens à l’État d’agir : « Le ministère doit être sur le terrain et disposer de tous les moyens nécessaires pour agir efficacement », a-t-elle martelé.
« Une seule santé » : l’approche intégrée incontournable
L’infectiologue a par ailleurs insisté sur la nécessité d’adopter l’approche « One Health » (une seule santé) — un cadre qui articule l’action entre santé humaine, santé animale et environnement. « L’émergence des zoonoses doit pousser les services à travailler ensemble. Il faut un système de surveillance aussi pointu pour les animaux que pour les hommes », a-t-elle précisé.
Ce type de coordination avait déjà été mis en avant par l’OMS pour la région Afrique de l’Ouest.
Concernant le Mpox, le Pr Coll Seck a rappelé la rapidité de la transmission interhumaine et l’importance de gestes simples : « Il faut revenir aux bons réflexes : se laver les mains, adopter les mesures barrières, comme on le faisait pendant la Covid-19 ».
Elle a également insisté sur l’axe communication : « Parler aux communautés, expliquer, informer. Dire la vérité tout en donnant de l’espoir. Les populations doivent être partenaires dans la gestion de l’épidémie. »
Le pays, fort de son expérience dans la gestion d’épidémies antérieures — Ebola, Covid‑19 — « sait gérer ce type de crise », a-t-elle assuré. Toutefois, elle a souligné l’urgence d’un renforcement institutionnel.
Le contexte zoonotique (animaux-humains-environnement) et l’éparpillement géographique des cas (zones d’élevage, zones urbaines) requièrent des moyens conséquents et une coordination qui dépasse le cadre sanitaire.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com