THIEYSENEGAL.com : La Cour d’appel de Versailles a choisi la prudence. Réunie ce lundi, elle a décidé de renvoyer au 3 février 2026 l’examen de la demande d’extradition visant le journaliste et homme d’affaires sénégalais Madiambal Diagne, interpellé en France le 21 octobre 2025. Les magistrats ont sollicité un complément d’informations auprès des autorités sénégalaises, estimant que plusieurs zones d’ombre persistent dans le dossier transmis par Dakar.
Installé en France depuis plusieurs mois, Madiambal Diagne persiste à dénoncer un dossier « purement politique ». À la barre, il a réaffirmé être victime d’une « persécution orchestrée » par l’État sénégalais, une accusation qui alimente depuis des semaines un vif débat entre soutien politique, enjeux judiciaires et interprétations divergentes des procédures engagées.
Au Sénégal, l’affaire a pris une ampleur nationale. Le journaliste est soupçonné d’avoir bénéficié de rétrocommissions évaluées à près de 21 milliards de francs CFA, dans le cadre de transactions jugées suspectes entre ses comptes personnels et ceux d’Ellipse Projects, société française active dans la construction d’infrastructures hospitalières en Afrique.
Les enquêteurs sénégalais évoquent un montage financier complexe, susceptible d’avoir permis de dissimuler des flux illicites autour de marchés publics stratégiques. Les autorités affirment que les éléments en leur possession justifient pleinement la demande d’extradition.
La procédure ne vise pas uniquement Madiambal Diagne. Son épouse et ses deux fils ont été inculpés pour blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, avant d’être placés en détention au Sénégal. La défense du journaliste dénonce une « pression familiale » destinée, selon elle, à forcer son retour au pays.
Depuis son arrestation, Madiambal Diagne est placé sous contrôle judiciaire. Il demeure sur le territoire français, soumis à des obligations strictes dans l’attente de la décision de la Cour d’appel.
Le report annoncé ouvre une période de plusieurs semaines durant lesquelles la justice française attendra des documents complémentaires du Sénégal : pièces justificatives, précisions procédurales et garanties sur les conditions d’une éventuelle extradition.
Cette affaire, à la croisée du judiciaire et du politique, continue de susciter de vives réactions. Entre partisans affirmant une instrumentalisation de la justice et défenseurs de la procédure sénégalaise, le climat reste tendu.
De son côté, la Cour d’appel de Versailles réaffirme sa volonté d’un examen « rigoureux, complet et impartial » avant de trancher une décision particulièrement sensible, susceptible d’avoir des répercussions à la fois judiciaires, médiatiques et diplomatiques entre Paris et Dakar.