THIEYSENEGAL.com : Le Premier ministre Ousmane Sonko se présente à nouveau, ce vendredi matin, devant les députés pour répondre aux questions d’actualité, un rendez-vous institutionnel devenu l’un des moments forts du contrôle parlementaire au Sénégal. Conformément à l’article 104 du Règlement intérieur, cette séance permet aux élus d’interpeller directement les membres du gouvernement sur des préoccupations nationales.
Il s’agit de la troisième séance du genre depuis son accession à la Primature en avril 2024. Une occasion, pour le chef du gouvernement, de défendre son action et de fournir des éclairages sur les orientations en cours, dans un contexte politique et économique marqué par de nouvelles révélations sur des charges financières héritées de l’ancien régime.
Un exercice démocratique renforcé par la nouvelle mouture de l’article 104
La séance de ce vendredi intervient dans le cadre du dispositif révisé de l’article 104, adopté le 27 juin dernier. Ce texte modifié, co-proposé par Mohamed Ayib Salim Daffé (Pastef – Les Patriotes), Aïssata Tall (Takku Wallu Sénégal) et Tafsir Thioye (députés non-inscrits), précise désormais que, durant la session ordinaire unique, au moins une journée par trimestre est consacrée aux questions d’actualité adressées au gouvernement.
Cette évolution vise à renforcer le contrôle parlementaire et à assurer une régularité dans la reddition des comptes de l’exécutif.
Leader du Pastef, Ousmane Sonko fait face à une Assemblée largement dominée par sa coalition, issue des premières législatives anticipées organisées le 17 novembre 2024. Si cette configuration politique semble lui être favorable, elle n’efface pas les tensions persistantes au sein de l’hémicycle.
Le Premier ministre devra répondre à des interrogations portant notamment sur :
la gestion des finances publiques révélée après la transition,
les réformes engagées par son gouvernement,
les arbitrages budgétaires en cours,
les priorités de l’action gouvernementale à court et moyen terme.
Cette séance pourrait ainsi servir de baromètre politique, testant autant la cohésion de la majorité que la capacité du gouvernement à rassurer l’opinion.
Un boycott partiel qui laisse présager une séance électrique
Malgré l’importance démocratique de cet exercice, une partie des députés non-inscrits ainsi que le groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal ont annoncé leur décision de ne pas participer à la séance. Un boycott qui, selon plusieurs observateurs, traduit les crispations politiques persistantes au sein de l’opposition depuis les législatives anticipées.
Le retrait de ces groupes ne devrait toutefois pas empêcher le déroulement du face-à-face. Mais il pourrait en accentuer la charge politique, donnant davantage de poids aux échanges entre le gouvernement et la majorité.
Alors que le pays traverse une phase de recalibrage budgétaire et institutionnel, cette séance de questions d’actualité s’annonce comme un moment clé du débat démocratique. Le Premier ministre y jouera une nouvelle carte essentielle : convaincre, apaiser, expliquer — tout en réaffirmant la ligne directrice de son gouvernement.