THIEYSENEGAL.com : Le tribunal de grande instance de Mbour examine une affaire pour le moins troublante mêlant pratiques mystiques, soupçons d’envoûtement et escroquerie. Le plaignant, M. A. Ndiaye, chauffeur de profession, accuse le marabout A. Diallo de l’avoir dépouillé de plus de 2 millions de francs CFA, de lui avoir subtilisé sa voiture et d’être à l’origine d’une grave lésion oculaire qui lui aurait fait perdre partiellement la vue.
Selon les éléments rapportés par L’Observateur, les faits remontent à août 2024 à Nguekhokh, où Ndiaye aurait été mis en contact avec le marabout par l’intermédiaire de sa propre épouse.
D’après le récit du chauffeur, tout commence lorsqu’il sollicite A. Diallo pour des soins mystiques après un problème de santé. Convaincu de l’efficacité des potions administrées par le religieux, il dit avoir ensuite été encouragé à utiliser les services de ce dernier pour augmenter sa fortune.
Séduit par la promesse d’une prospérité accélérée, M. Ndiaye affirme avoir remis plus d’un million de francs CFA pour des “bains mystiques”. Mais ces rituels auraient provoqué une sévère infection à l’œil, nécessitant une consultation en urgence chez un ophtalmologue.
L’affaire prend une nouvelle tournure lorsque le chauffeur, malgré sa mésaventure sanitaire, retourne consulter le marabout pour poursuivre son “travail mystique”. Selon sa version, A. Diallo aurait alors manifesté un intérêt particulier pour son véhicule.
Convoqué à Kaolack pour finaliser une prétendue transaction, M. Ndiaye soutient avoir été “envoûté” après avoir bu un thé servi par le marabout. Il affirme s’être ensuite retrouvé sans sa voiture, sans l’argent de la vente et sans comprendre comment il avait quitté les lieux. Le préjudice total est estimé à plus de 2 millions de francs CFA.
Interpellé par les enquêteurs, A. Diallo aurait, selon les sources judiciaires, reconnu certains faits lors de la phase d’enquête avant de les nier catégoriquement à la barre.
Face au juge, il rejette la responsabilité des pertes financières et sanitaires du chauffeur, affirmant n’avoir commis aucune manipulation ni escroquerie.
Le ministère public, lui, a requis une application stricte de la loi, soulignant la gravité des faits et les risques liés aux pratiques mystiques frauduleuses.
La victime, qui souffre toujours de troubles de la vision, réclame non seulement la restitution de son véhicule mais également le remboursement intégral des sommes remises au marabout.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré : le verdict est attendu le mardi 9 décembre 2025, date à laquelle l’affaire pourrait faire jurisprudence en matière de pratiques mystiques abusives.
En attendant, ce dossier continue d’alimenter le débat sur les dérives liées à la croyance dans les “solutions miracles” et la vulnérabilité économique et psychologique de nombreuses victimes face aux charlatans.