Érythrée : l’ONU presse Asmara de libérer des milliers de détenus maintenus sans procès

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THIEYSENEGAL.com : Les Nations unies ont appelé les autorités érythréennes à procéder à la libération immédiate de plus de 10 000 personnes détenues arbitrairement dans le pays. Dans un communiqué publié le 15 décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) dénonce une pratique systématique de détentions sans inculpation ni jugement, en violation flagrante du droit international.

L’agence onusienne reconnaît toutefois un geste d’ouverture limité de la part du régime d’Asmara, après la libération, début décembre, de 13 prisonniers incarcérés depuis près de vingt ans sans aucune procédure judiciaire. Une décision qualifiée de « premier pas » par les Nations unies, tout en soulignant qu’elle reste largement insuffisante au regard de l’ampleur des violations.

Parmi les cas emblématiques cités figure celui du G11, un groupe d’anciens hauts responsables gouvernementaux arrêtés en 2001 après avoir publiquement réclamé des réformes démocratiques. Ministres, diplomates et officiers supérieurs de l’armée, ces hommes sont détenus au secret depuis plus de deux décennies, sans accès à leurs familles ni à une quelconque instance judiciaire.

Selon le dernier rapport des Nations unies sur les droits de l’homme en Érythrée, publié en 2023, les prisons du pays accueillent des profils variés : journalistes, opposants politiques, artistes, responsables religieux, objecteurs de conscience et simples citoyens. Tous sont accusés de comportements jugés « séditieux » par les autorités, sans jamais avoir été traduits devant un tribunal.

Parmi les détenus récemment libérés figure Zeragaber Gebrehiwot, ancien policier et cycliste ayant représenté l’Érythrée aux Jeux olympiques de Moscou en 1980. Lui et ses compagnons de détention ont passé 18 ans dans la prison de Mai Serwa, située à proximité d’Asmara. D’après l’ONG Human Rights Concern – Eritrea, ils étaient enfermés dans des conteneurs métalliques, exposés à des températures extrêmes, dans des conditions qualifiées d’inhumaines.

La situation carcérale en Érythrée est également marquée par des décès en détention. En 2023, Berhane Abrehe, ancien ministre des Finances et proche collaborateur du président Isaias Afwerki pendant plus d’une décennie, est mort en prison. Il avait été arrêté en 2012 après la publication d’un ouvrage critique à l’égard du régime, dans lequel il dénonçait la dérive autoritaire du pouvoir.

Face à ce constat, les Nations unies exhortent les autorités érythréennes à mettre fin aux détentions arbitraires, à garantir le droit à un procès équitable et à permettre un accès indépendant aux lieux de détention. Un appel qui s’inscrit dans une longue série de mises en garde restées, jusqu’ici, largement sans effet.

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