Rétro politique 2025 : l’année où l’alliance Diomaye–Sonko s’est transformée en bataille politique ouverte
THIEYSENEGAL.com : L’année 2025 restera dans les annales de la vie politique sénégalaise comme celle où l’alliance entre le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, héritée de leur victoire électorale de 2024, s’est graduellement muée en affrontement politique frontal, marquant une crise interne au sommet de l’État et suscitant de profondes interrogations sur l’avenir de la majorité au pouvoir.
Dès le début de l’année, ces deux figures majeures de l’exécutif avaient pourtant affiché une volonté commune de réforme. Le président Diomaye Faye, élu sur une dynamique de changement après avoir bénéficié du soutien politique de Sonko, avait lancé, avec son Premier ministre, une initiative de dialogue national sur la réforme politique, tentant de consolider l’unité gouvernementale et d’élargir le cadre démocratique du pays.
Mais au fil des mois, les divergences se sont cristallisées. Le point d’orgue de ces tensions est survenu en novembre lorsque le président a annoncé, de manière unilatérale, le remplacement de la coordinatrice de la coalition « Diomaye Président », Aïssatou Mbodj, proche de Sonko, par Aminata Touré, conseillère spéciale du chef de l’État. Ce geste, perçu par de nombreux observateurs comme un désaveu politique public, a immédiatement catalysé une série de réactions acerbes du côté du Pastef, le parti dirigé par Sonko.
Dans une déclaration officielle, le Pastef a contesté l’autorité du président à opérer ce changement, qualifiant la décision d’illégale et déclarant un profond désaccord sur la direction politique à donner à la majorité. Cette confrontation ouverte, relayée à travers des communiqués et des meetings politiques, a mis au jour un bras de fer pour le leadership politique au sein du pouvoir exécutif.
L’impact de cette dissension dépasse les cénacles du pouvoir : il intervient à un moment où le Sénégal fait face à des défis économiques importants, avec des négociations délicates avec des partenaires financiers internationaux et une pression sur les finances publiques qui conditionnent la gouvernance nationale.
Pour autant, ni Diomaye Faye ni Sonko n’ont jusqu’ici voulu officialiser une rupture totale. Le président a tenu à minimiser publiquement les tensions, affirmant dans plusieurs déclarations qu’il n’existe pas de mésentente profonde avec son Premier ministre et appelant à l’unité dans la gestion des affaires de l’État.
Sur le terrain politique, ces tensions ont suscité des réactions contrastées. Certains soutiens de la majorité appellent à préserver la cohésion institutionnelle pour faire face aux enjeux socio-économiques du pays, tandis que d’autres observateurs estiment que le conflit latent pourrait précipiter une recomposition politique, notamment à l’approche de la présidentielle de 2029, où les ambitions personnelles et les logiques de leadership pourraient redessiner les alliances.
À l’aube de 2026, le Sénégal sort donc d’une année intense sur le plan politique, marquée par un rapprochement initial suivi d’un éclatement progressif des convergences entre Diomaye et Sonko. Ce rétro politique met en lumière non seulement les défis de la gouvernance en période de transition, mais aussi les tensions propres à toute alliance née dans un contexte de changement profond.