À Dakar, Sonko exhorte l’Afrique à parachever l’héritage de Fanon par la libération des consciences

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THIEYSENEGAL.com : Le Musée des Civilisations noires de Dakar a servi de cadre, ce mercredi, à l’ouverture solennelle du Colloque international marquant le centenaire de la naissance de Frantz Fanon. Devant un parterre d’intellectuels, de chercheurs et de responsables venus d’Afrique, des Caraïbes, du Maghreb, d’Europe et des Amériques, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a prononcé un discours d’une forte densité politique et symbolique, appelant à une souveraineté totale des sociétés africaines.

S’exprimant au nom du Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le chef du gouvernement a d’abord salué la participation internationale à cette rencontre, réaffirmant la vocation du Sénégal comme espace de dialogue et de résistance intellectuelle. Il a rappelé que Dakar demeure, selon ses termes, une terre africaine de dignité et d’hospitalité, fidèle à son rôle historique dans les luttes pour l’émancipation.

Rendant hommage à Frantz Fanon, né en 1925 à Fort-de-France, Ousmane Sonko a insisté sur l’actualité saisissante de son œuvre. « Sa vie fut courte, mais sa pensée demeure intacte », a-t-il souligné, estimant que si Fanon continue d’interpeller les consciences, c’est parce que les fractures qu’il avait analysées n’ont pas été résorbées. Pour le Premier ministre, Fanon ne relève pas seulement de la mémoire, mais d’un projet inachevé que l’Afrique est appelée à concrétiser.

Justifiant le choix de Dakar pour abriter ce colloque, il a présenté la capitale sénégalaise comme un carrefour intellectuel de l’Afrique en résistance, inscrit dans l’héritage de figures majeures telles que Cheikh Anta Diop et Alioune Diop. « Dakar est une mémoire vivante », a-t-il affirmé, soulignant la résonance particulière de la pensée fanonienne dans cet espace chargé d’histoire.

Abordant la dimension psychiatrique de l’œuvre de Fanon, Ousmane Sonko a rappelé que le penseur martiniquais analysait la colonisation comme une pathologie profonde, aux effets durables sur les sociétés dominées. Il a insisté sur la nécessité d’une libération des consciences, affirmant qu’une indépendance qui n’opère pas cette rupture reste incomplète. « La désaliénation est un projet politique à part entière », a-t-il déclaré, la présentant comme une condition essentielle de toute souveraineté réelle.

Sur le plan politique et économique, le Premier ministre a dénoncé la confiscation des indépendances par des élites nationales reproduisant, selon lui, des logiques héritées du système colonial. Il a notamment pointé la persistance des mécanismes de dépendance économique et monétaire, avertissant contre les réformes superficielles. « Changer de nom sans transformer la logique n’est pas une rupture », a-t-il lancé, dans une critique à peine voilée des aménagements institutionnels sans portée structurelle.

Enfin, s’adressant à la jeunesse africaine, Ousmane Sonko a convoqué Fanon l’humaniste, appelant les nouvelles générations à assumer leur responsabilité historique. Refusant toute sacralisation figée de la pensée fanonienne, il a conclu en affirmant que Fanon n’est pas un symbole à célébrer, mais un engagement à honorer, appelant l’Afrique à conquérir une souveraineté pleine, à la fois politique, économique, monétaire et mentale.

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