Absa et Oumy Faye : au cœur de la République, la famille en débat

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THIEYSENEGAL.com : L’apparition des belles-sœurs dans l’entourage du président Diomaye relance un vieux débat sénégalais : où s’arrête la famille, où commence l’État ?

La récente visite du président Bassirou Diomaye Faye à Touba, en prélude au Grand Magal, a donné lieu à une scène en apparence anodine, mais dont la portée symbolique n’a échappé à personne : la présence remarquée d’Absa Faye, deuxième épouse du président, accompagnée de sa sœur Oumy Faye, épouse de Me Oumar Youm – figure de l’opposition et ancien pilier du régime de Macky Sall.

Ce cliché, devenu viral sur les réseaux sociaux, a déclenché une salve de réactions, souvent critiques, notamment au sein de la mouvance présidentielle issue du parti Pastef. En toile de fond, une interrogation récurrente au Sénégal : la République peut-elle réellement se détacher des logiques familiales ?

Une image, mille interprétations

Pour certains observateurs, cette scène soulève un malaise latent. Interrogé par L’Observateur, le sociologue Abdoulaye Cissé analyse cette crispation sous l’angle culturel : « La frontière entre la vie privée et le pouvoir est extrêmement poreuse dans l’imaginaire sénégalais. Les épouses des dirigeants sont perçues comme les premières confidentes du pouvoir. » Il rappelle un adage wolof évocateur : wax taan ak sama njégenaay (discuter avec mon oreiller), suggérant l’influence discrète mais réelle des partenaires sur les décisions politiques.

Cissé avance deux scénarios : « Soit les sœurs Faye ont toujours été proches, rendant cette apparition naturelle. Soit cette proximité est née récemment, auquel cas il est légitime que certains s’interrogent sur la symbolique de cette présence. »

Une vigilance républicaine ou un procès d’intention ?

Pour le communicant public Fernand Mendy, la réaction populaire, bien que parfois excessive, n’est pas sans fondement. « Ces critiques traduisent une vigilance démocratique. Diomaye Faye a été élu sur la promesse d’une rupture avec les dérives népotiques du passé. Chaque image, chaque détail compte, surtout dans une époque où la confiance politique est fragile. »

Selon lui, ce type de scène ravive une mémoire collective marquée par des décennies de gouvernance perçue comme familiale. « Une communication présidentielle proactive, transparente et codifiée est essentielle. On ne peut plus improviser. Chaque apparition officielle engage l’image de la République. »

Vers une présidence sous surveillance

À rebours de ces critiques, le politologue Assane Samb estime, lui, que « la polémique est artificielle, voire contre-productive. Absa Faye n’a aucun statut constitutionnel. Le président est libre de ses fréquentations et n’a pas à se justifier sur les liens familiaux de ses proches. »

Il met en garde contre « une dérive paranoïaque » au sein de la sphère militante : « Voir une trahison dans une simple relation familiale, c’est fragiliser inutilement le pouvoir. Cette hyper-vigilance pourrait même générer un effet boomerang, en victimisant le couple présidentiel. »

Au fond, cette affaire dépasse les personnes concernées. Elle révèle les tensions entre attentes républicaines élevées – notamment depuis les événements de 2021 à 2024 qui ont coûté la vie à 86 citoyens – et les réalités sociales sénégalaises, où le tissu familial reste un vecteur de pouvoir et de loyauté.

La présidence Diomaye, née d’un élan populaire inédit, devra ainsi composer avec un peuple attentif, parfois méfiant, souvent exigeant. Car dans une démocratie jeune, chaque image est un message. Et chaque silence, une réponse.

Oumy Faye, sœur d’Absa Faye, est l’épouse de Me Oumar Youm, haut cadre de l’APR (parti de l’ancien président Macky Sall) et figure politique bien connue. Sa présence dans l’entourage immédiat du président Diomaye Faye suscite des interrogations dans un contexte où l’ancienne opposition promettait une coupure nette avec les pratiques anciennes, notamment le mélange des sphères privées et publiques.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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