THIEYSENEGAL.com : Le verdict est tombé, lourd de symbole et de conséquences. Neuf policiers sénégalais ont été condamnés ce mardi à deux ans de prison ferme par le tribunal de Pikine-Guédiawaye, après avoir été reconnus coupables de vol en réunion, abus d’autorité et association de malfaiteurs. En cause : le détournement présumé de 200 millions de francs CFA, subtilisés à deux commerçants maliens en juillet 2024, sous couvert d’une opération policière.
Le jugement va au-delà de la peine privative de liberté : les agents condamnés devront également verser solidairement 300 millions de francs CFA aux deux victimes, à titre de dommages et intérêts.
Un coup de filet aux allures de guet-apens
Les faits remontent à l’été 2024. Selon les éléments du dossier, les policiers, menés par leur chef présumé Abdoulaye Diaw, alias “Baye Fall”, auraient intercepté dans la circulation deux ressortissants maliens à bord d’un véhicule transportant une importante somme d’argent : 650 millions de francs CFA.
Prétextant une opération de lutte contre le blanchiment et les stupéfiants, les fonctionnaires de police conduisent les deux hommes dans un lieu isolé, hors du cadre légal, où ils leur auraient exigé une partie des fonds en échange de leur liberté. Les négociations échouent, les commerçants sont arrêtés, et leur argent saisi.
Mais lors du dépôt des fonds au commissariat, un manque de 200 millions est signalé. La suite des investigations, appuyée par des images de vidéosurveillance, révèle que les policiers ont transporté des sacs remplis de billets de banque, distincts de ceux remis officiellement.
Des policiers trahis par les images et les faits
Face à des preuves accablantes, les dénégations des prévenus n’ont pas convaincu le tribunal. Le ministère public, qui avait requis trois ans ferme, a vu une partie de ses réquisitions suivie. Les avocats des agents avaient plaidé la relaxe, dénonçant un procès basé sur des « suspicions » et niant toute intention frauduleuse.
L’enquête, elle, a été sans équivoque. Les commerçants maliens, d’abord suspectés de blanchiment, ont été totalement blanchis et relaxés. Leur honnêteté a été confirmée par les éléments d’enquête, renforçant la gravité de la faute commise par les agents publics.
Une affaire qui secoue la hiérarchie policière
Ce dossier jette une lumière crue sur les dérives potentielles dans les services chargés de la sécurité intérieure. Il pose, en filigrane, la question de l’encadrement, du contrôle et de l’intégrité au sein des forces de l’ordre, dans un contexte où la confiance citoyenne envers les institutions est un enjeu majeur.
La Direction générale de la police nationale, jusqu’ici silencieuse, pourrait être amenée à réagir, tandis que plusieurs organisations de défense des droits de l’homme demandent des réformes structurelles et des mécanismes de contrôle renforcés.
Un signal fort contre l’impunité
Cette décision judiciaire, largement relayée par la presse nationale, est perçue comme un signal fort contre les abus de pouvoir et un rappel que nul n’est au-dessus des lois — pas même ceux qui sont chargés de les faire appliquer.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com