THIEYSENEGAL : L’éviction surprise du chef de la Division des Investigations Criminelles (DIC) et du commissaire spécial de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), survenue au lendemain du départ controversé du journaliste Madiambal Diagne vers la France, continue de nourrir les spéculations. Entre manquement administratif présumé, confusion juridique et tension politique, cette affaire met en lumière les fragilités de la gouvernance sécuritaire.
Dans une tribune publiée dans Le Quotidien, le journal qu’il dirige, Madiambal Diagne exprime son étonnement, dénonçant une « mise en scène » dont les motivations réelles lui échappent. Il évoque notamment un zèle mal récompensé de la part des responsables limogés, tout en remettant en cause la légalité des mesures prises à son encontre.
« Le limogeage du commissaire de police de l’aéroport, qui pourtant a fait montre d’un certain zèle au profit de sa hiérarchie, apparaît simplement comme du spectacle », écrit-il. Il juge également « étonnante » l’éviction du chef de la DIC.
Les faits remontent à la nuit du mardi 23 septembre, lorsque Madiambal Diagne s’est vu interdire l’embarquement à l’aéroport AIBD à destination de la France. Peu après, il reçoit une convocation à se présenter à la DIC le lendemain à midi. Contre toute attente, il annonce dès le jeudi 25 septembre depuis le réseau social X (ex-Twitter) qu’il est arrivé en France, sans avoir répondu à la convocation.
La disparition du journaliste du territoire, malgré une supposée opposition de sortie et un avis de recherche judiciaire selon le ministère de l’Intérieur, a précipité le limogeage de deux hauts responsables sécuritaires. Mais aucune communication officielle ne précise les raisons exactes de ces sanctions, ni leurs implications hiérarchiques.
Le ministère de l’Intérieur évoque une mesure judiciaire régulière : interdiction de sortie du territoire (IST) et avis de recherche délivré par une autorité compétente. Une version contestée par l’intéressé, qui affirme n’avoir fait l’objet d’aucune procédure de ce type :
« Si tel était le cas, j’aurais été arrêté depuis plusieurs jours à mon domicile. Mieux encore, une fois devant la police de l’aéroport, j’aurais été immédiatement arrêté », écrit-il dans sa tribune.
Les limogeages en cascade, qui ont suivi de près l’épisode de départ controversé, sont perçus par certains analystes comme un désaveu au sommet de l’appareil sécuritaire, voire comme le symptôme d’une cacophonie interne dans la gestion des affaires sensibles.
Aucune indication n’a encore été donnée sur les responsables appelés à succéder aux deux hauts commissaires sanctionnés, renforçant l’impression d’un traitement réactif et non stratégique.
Entre droit, politique et gestion de l’appareil sécuritaire, l’affaire soulève une question plus large : la transparence dans la gestion des mesures restrictives et la capacité des institutions à fonctionner de manière coordonnée. Dans un contexte de regain de tension entre certaines figures médiatiques et le pouvoir, l’épisode Madiambal Diagne pourrait faire date.
Pour l’heure, aucun mandat d’arrêt n’a été officiellement annoncé, ni aucune précision sur la nature des poursuites qui auraient motivé les mesures évoquées par les autorités.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com