THIEYSENEGAL.com : L’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, est sorti de sa réserve pour répondre avec virulence aux propos du Premier ministre Ousmane Sonko sur l’affaire du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (Prodac). Entre démentis fermes, mise au point institutionnelle et attaques politiques, l’ancien ministre du gouvernement de Macky Sall a choisi la contre-offensive.
Invité de RFM Matin ce lundi, Mame Mbaye Niang a rompu le silence après les accusations du Premier ministre, Ousmane Sonko, qui évoquait récemment un rapport du Prodac transmis au pôle financier, laissant entendre une gestion douteuse de l’ancien ministre.
« Je n’ai absolument rien à me reprocher », a déclaré d’emblée Mame Mbaye Niang, avant d’ajouter avec ironie :
« Il paraît que je suis au Canada… Je ne suis pas en fuite. J’ai simplement pris du recul, comme je l’avais annoncé. »
« Aucun rapport ne dit que j’ai pris 29 milliards »
Face aux allégations de Sonko, l’ancien ministre a opposé un démenti catégorique. Selon lui, les propos du Premier ministre relèvent d’une manipulation politique :
« Il n’existe aucun rapport qui dit que Mame Mbaye Niang a pris 29 milliards. Entendre un Premier ministre du Sénégal tenir de tels propos est une honte », a-t-il martelé, dénonçant une tentative de « discrédit personnel » à des fins politiques.
Mame Mbaye Niang s’est également permis une leçon de droit administratif à l’endroit du chef du gouvernement :
« L’Inspection Générale des Finances (IGF) ne peut pas épingler un ministre. Elle contrôle les administrateurs de crédits, pas les ministres de tutelle. »
L’ancien ministre a ainsi tenu à rappeler qu’il n’était ni gestionnaire ni ordonnateur de dépenses du Prodac, soulignant qu’il se limitait à un rôle de tutelle politique.
Au-delà des aspects techniques, Mame Mbaye Niang n’a pas ménagé le Premier ministre.
« Un Premier ministre ne doit pas être aussi ignorant des institutions qu’il est censé diriger », a-t-il lancé, avant d’ajouter : « Il a endossé un habit trop grand pour lui et montre chaque jour son incompétence face à la lourde charge qui l’attend. »
Cette sortie s’inscrit dans un contexte de forte tension politique entre le camp du président Bassirou Diomaye Faye et les figures de l’ex-majorité, dont Mame Mbaye Niang reste l’un des porte-voix les plus offensifs.
Abordant le cas de Pape Malick Ndour, ancien directeur général du Prodac, récemment inculpé, Mame Mbaye Niang a tenu à clarifier la source du rapport évoqué par le Premier ministre :
« Le document dont parle Sonko ne vient pas de l’IGF, mais de la Cour des Comptes. Ce sont deux choses totalement différentes », a-t-il précisé.
Allant plus loin, il a annoncé son intention de se constituer partie civile et de porter plainte contre le cabinet d’expertise impliqué, qu’il accuse de manipulation.
Pour conclure, Mame Mbaye Niang a renvoyé Sonko à ses propres démêlés judiciaires :
« Le Premier ministre a parlé d’un rapport de l’IGE, puis il a dit IGF, sans jamais le produire. Il a été condamné à la régulière, et tout le monde le sait », a-t-il déclaré, dans une attaque directe contre le passé judiciaire du chef du gouvernement.
Cette passe d’armes illustre une polarisation persistante entre les figures de l’ancien régime et les nouvelles autorités, sur fond de règlements de comptes politiques et de bataille d’image publique.
Si Mame Mbaye Niang cherche à défendre son honneur, Ousmane Sonko, lui, entend incarner la rupture et la transparence. Mais dans cette guerre verbale, les lignes entre justice, politique et communication semblent de plus en plus brouillées.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com