Affaire Sonko–Mame Mbaye Niang : la défense engage une procédure de révision pour « réparer une injustice judiciaire »
THIEYSENEGAL.com : Le dossier judiciaire opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang connaît une nouvelle évolution. Les avocats du président du parti Pastef et actuel Premier ministre ont officiellement engagé une procédure de révision du procès de 2023, estimant que la condamnation pour diffamation prononcée à l’époque repose sur une erreur judiciaire majeure.
S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue ce lundi, Me Ciré Clédor Ly a justifié cette démarche en la présentant comme un droit fondamental. « La révision du procès est un droit reconnu à tout citoyen. Elle constitue le seul mécanisme permettant de remettre en cause une décision définitive lorsqu’une erreur judiciaire est établie », a-t-il déclaré devant la presse.
Selon la défense, cette procédure exceptionnelle vise avant tout à rétablir la vérité. « Il s’agit de corriger une condamnation injuste et de faire triompher le droit », a soutenu Me Ly, soulignant que la révision dépasse le cas personnel d’Ousmane Sonko et s’inscrit dans une logique universelle de justice. Il a rappelé que ce recours est ouvert même à des personnes décédées, illustrant ainsi son caractère fondamental dans l’architecture judiciaire.
La demande de révision s’appuie principalement sur l’apparition d’un élément nouveau jugé déterminant : le rapport du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC). L’existence de ce document avait été contestée lors du procès initial, avant de refaire surface après la nomination d’Ousmane Sonko à la tête du gouvernement. Pour la défense, ce rapport constitue un fait nouveau de nature à remettre en cause les fondements mêmes de la condamnation.
Très critique à l’égard du déroulement du procès de 2023, Me Ciré Clédor Ly a dénoncé ce qu’il qualifie de graves entorses aux principes du procès équitable. Il a évoqué des irrégularités procédurales, des atteintes aux droits de la défense et une instrumentalisation de la procédure judiciaire, estimant que « le droit a été bafoué » dans cette affaire.
L’avocat a également tenu à rassurer sur la situation juridique de son client. Selon lui, Ousmane Sonko demeure pleinement électeur et éligible. « Cette question ne souffre d’aucune ambiguïté juridique », a-t-il affirmé, balayant toute controverse autour de l’éligibilité de son client.
Sur le plan institutionnel, la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Yacine Fall, a officiellement saisi la Cour suprême afin qu’elle se prononce sur la recevabilité de la demande de révision. Si cette procédure aboutit, elle constituerait une première dans l’histoire judiciaire du Sénégal et pourrait conduire à l’effacement définitif de la condamnation ayant empêché Ousmane Sonko de participer à l’élection présidentielle de 2024.
En attendant la décision de la haute juridiction, ce nouvel épisode relance un dossier emblématique, au croisement du judiciaire et du politique, qui continue de peser lourdement sur le débat public sénégalais.