Affaire « SOS Keur Yeurmande » : un renvoi en Chambre criminelle qui dévoile l’ampleur d’un scandale hors norme

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THIEYSENEGAL.com : L’affaire explosive de la pouponnière « SOS Keur Yeurmande » connaît un tournant judiciaire majeur. Après dix-neuf mois d’instruction, le juge Abdoul Aziz Diallo a ordonné le renvoi de Ndella Madior Diouf, fondatrice de la structure, de son collaborateur Cheikh Tidiane Ndiaye, ainsi que treize autres co-inculpés, devant la Chambre criminelle. Une décision qui acte la gravité exceptionnelle des faits reprochés et ouvre la voie à l’un des procès les plus sensibles de l’année.

Le 11 novembre, Ndella Madior Diouf — en détention depuis décembre 2023 — a été extraite de prison pour prendre connaissance de l’ordonnance. Selon les révélations de L’Observateur, le document, particulièrement dense, énumère une série d’infractions d’une extrême sévérité :

Traite de personnes

Exercice illégal de la médecine

Privation de soins ayant entraîné la mort

Mise en danger de la vie d’autrui

Non-assistance à personne en danger

Faux certificats

Homicides involontaires

Infractions aux règles d’inhumation

Non-déclaration de naissance

Une liste qui, à elle seule, illustre le chaos organisationnel et institutionnel qui aurait régné dans cet établissement censé accueillir et protéger des nourrissons en situation de détresse.

Une affaire révélée par une mère… puis par des images bouleversantes

Tout bascule en novembre 2023 lorsqu’une jeune mère accuse Ndella Madior Diouf de refuser de lui restituer son bébé. Quelques jours plus tard, la diffusion sur YouTube de deux vidéos choc met le pays en état de sidération :

un nourrisson amaigri, en détresse vitale,

des locaux insalubres,

un manque total de prise en charge médicale,

des témoignages d’anciennes employées dénonçant des pratiques anormales.

Alerté, le parquet ouvre une enquête. Les hôpitaux de référence, dont l’établissement pédiatrique Albert Royer, confirment avoir régulièrement reçu des bébés provenant de la pouponnière, présentant déshydratation sévère, malnutrition aiguë, et, dans plusieurs cas, des issues fatales.

L’un des récits les plus marquants reste celui d’Anta Sarr, qui affirme avoir retrouvé son bébé conservé dans une bassine de glace, avant qu’il ne soit enterré clandestinement à Yoff par trois employés de la pouponnière.

L’enquête judiciaire, détaillée par L’Observateur, va encore plus loin et met au jour des éléments potentiels de trafic d’enfants.

Selon une nounou lanceuse d’alerte :

un couple aurait versé 8 millions FCFA pour adopter illégalement un bébé,

Ndella Madior, se présentant comme « docteur », aurait produit de faux certificats de décès,

ces certificats auraient ensuite permis d’obtenir des autorisations d’inhumation authentifiées.

L’un des co-inculpés, El Hadji Sène, reconnaît avoir participé à plusieurs inhumations à Yoff grâce à ces documents falsifiés.

Face à ces accusations, Ndella Madior Diouf rejette toute implication dans un trafic d’enfants. Elle affirme avoir cherché à « sauver des vies » et met en avant ses études de médecine — qu’elle dit avoir poursuivies jusqu’en sixième année. Elle impute les dysfonctionnements aux « négligences du personnel ».
Mais ces explications n’ont pas convaincu le juge d’instruction, selon les sources du dossier.

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