Alioune Ndao charge Ousmane Diagne : « Un Garde des Sceaux prisonnier de son passé de procureur »

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THIEYSENEGAL : Au lendemain du remaniement ministériel du 6 septembre 2025, le limogeage d’Ousmane Diagne du ministère de la Justice continue de susciter des réactions, parfois virulentes. Parmi les voix les plus critiques, celle d’Alioune Ndao, ancien procureur de la CREI aujourd’hui député, s’est faite remarquer par la sévérité de son jugement sur le passage de Diagne à la Chancellerie.

Invité d’une émission politique ce week-end, Alioune Ndao n’a pas mâché ses mots. Il estime que l’ancien Garde des Sceaux n’a jamais réussi à endosser pleinement sa fonction ministérielle, se comportant davantage comme un procureur que comme un acteur politique chargé de porter une vision réformatrice.

Ousmane Diagne est resté dans une posture de parquetier. Il réagissait comme un procureur et non comme un ministre de la République », a fustigé le député

Ce que Ndao reproche à l’ancien ministre, ce n’est pas tant son attachement à l’indépendance de la justice — principe fondamental dans un État de droit — mais la manière, selon lui, déconnectée et technocratique dont Diagne en a fait le cœur de sa communication.

On ne peut pas se contenter de répéter que la justice est indépendante. Un ministre doit agir, réformer, ouvrir le débat. Il n’a pas été au rendez-vous de ces attentes », a ajouté l’ex-procureur, pointant une absence d’initiatives concrètes sur des dossiers structurants comme la réforme du Conseil supérieur de la magistrature ou l’amélioration des conditions de détention.

Alioune Ndao, connu pour son franc-parler depuis sa reconversion politique, traduit à travers ses propos une lecture politique du rôle de Garde des Sceaux, qu’il distingue clairement de la fonction de magistrat. À l’en croire, Ousmane Diagne aurait manqué la transition nécessaire entre son passé judiciaire et son engagement gouvernemental.

Ce positionnement soulève une question de fond : un ancien magistrat peut-il pleinement jouer un rôle politique sans renier ses principes juridiques ? Un débat récurrent dans les systèmes où les passerelles entre justice et politique sont nombreuses.

Ousmane Diagne, nommé en octobre 2023 après avoir été procureur général près la Cour d’appel de Dakar, avait pourtant suscité de nombreux espoirs à son arrivée. Son professionnalisme et sa connaissance fine des rouages judiciaires étaient perçus comme des atouts pour moderniser une justice souvent critiquée pour sa lenteur et son manque de transparence.

Mais selon ses détracteurs, son passage aura été marqué par une gestion prudente, sans grande réforme, ni rupture forte avec les pratiques anciennes. Des observateurs plus nuancés estiment cependant qu’il a su préserver l’institution judiciaire de l’instrumentalisation politique, dans un contexte de fortes tensions.

Le remplaçant d’Ousmane Diagne, dont le nom a été confirmé lors du dernier remaniement, hérite d’un ministère stratégique, au cœur des attentes citoyennes. Transparence, indépendance effective, amélioration de l’accès à la justice… Les chantiers sont nombreux et les regards désormais tournés vers la nouvelle équipe pour redonner confiance dans la justice sénégalaise.

La rédaction de thieysenegal.com

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