THIEYSENEGAL.com : C’est une affaire explosive qui prend de l’ampleur dans les cercles politiques et diplomatiques. Le député Thierno Alassane Sall, président du parti République des Valeurs, a révélé dans un entretien avec L’Observateur les raisons précises qui l’ont conduit à déposer une plainte officielle auprès du Pool judiciaire financier (PJF). En ligne de mire : la gestion opaque d’une avance de 37 milliards de francs CFA par l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER) dans le cadre d’un projet d’envergure cofinancé par la banque espagnole Santander.
En juin 2024, l’ASER a bénéficié d’un financement de 37 milliards FCFA destiné à initier un vaste programme d’électrification rurale. Trois mois plus tard, en septembre, le bailleur espagnol Santander alerte les autorités sénégalaises : les fonds alloués auraient été utilisés à des fins autres que celles prévues contractuellement. Cette dénonciation est étayée par une note d’alerte émise par la banque, soutenue juridiquement par un avis de la Cour suprême espagnole.
Conséquence immédiate : gel des décaissements restants par la banque, menace d’annulation du projet et exigence de remboursement intégral de l’avance perçue par l’État du Sénégal. Un scénario aux conséquences financières, techniques et diplomatiques particulièrement lourdes.
Face à la gravité des faits, Thierno Alassane Sall affirme avoir interpellé sans succès le ministre des Finances à plusieurs reprises, aussi bien en commission qu’en séance plénière à l’Assemblée nationale.
« Ce silence est suspect. Face à des faits aussi graves, le gouvernement aurait dû diligenter une enquête interne ou saisir le parquet. Rien n’a été fait. C’est pourquoi j’ai pris mes responsabilités », confie-t-il au quotidien.
Le député estime que ce mutisme institutionnel alimente les soupçons de malversations, et s’interroge sur les raisons pour lesquelles aucune enquête administrative ou judiciaire n’a été engagée d’office.
Thierno Alassane Sall affirme que sa démarche n’est ni politique, ni partisane. Elle vise, selon lui, à préserver l’intérêt général et à défendre les principes de gouvernance et de transparence tant vantés par les autorités actuelles, notamment sous le slogan présidentiel « Jub, Jubal, Jubanti ».
« On ne peut pas parler de rupture et fermer les yeux sur une disparition présumée de 37 milliards », martèle-t-il.
Ce « scandale latent », comme l’ont déjà qualifié plusieurs experts en finances publiques, pourrait bien devenir un cas d’école sur la manière dont sont gérés les fonds internationaux au Sénégal. Il pose, une fois de plus, la question de l’efficacité des mécanismes de contrôle interne, de la réactivité du ministère des Finances, mais aussi du rôle des institutions parlementaires dans la surveillance des grands projets publics.
Au vu des accusations formulées et des documents transmis à la justice, l’ouverture d’une enquête par le Parquet financier semble inévitable. L’opinion publique, elle, commence à s’emparer du dossier, dans un climat où les promesses de transparence sont plus que jamais scrutées.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com