Pour avoir, dans ces colonnes, souligné que leader de PASTEF n’avait pas encore décliné une vision, l’honnêteté intellectuelle me recommande de saluer la publication de son ouvrage SOLUTIONS.
C’est une révolution éditoriale copernicienne qui porte la marque d’un respect à l’endroit des électeurs sénégalais. Les paroles s’envolent, les écrits demeurent. Quand il sera élu président de la République, les analystes formés à l’école occidentale ne diront pas que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, à rebours de notre double éthique ceedo et islamique qui consacre l’honneur.
Par contre, j’aurais aimé un meilleur décalage entre la date de publication et la cérémonie de présentation pour nous permettre de parcourir le livre-programme avec des yeux d’Argus.
N’empêche, il me plait de demander à M. Sonko quel est le niveau de connectivité historique entre le présent ouvrage et le Programme économique et social du Sénégal pour l’élaboration, dès 1957, du Premier Plan de Développement économique et social du Sénégal qui porta vite ses fruits. Cela, eu égard à la récurrence de la référence à Mamadou Dia chez PASTEF et au fait que tous les programmes qui lui ont succédé, jusqu’au PSE, aient hideusement extraverti notre économie.
Ce n’est pas anachronique d’établir cette nécessaire corrélation. Les révisionnistes ont prêté à l’ancien président du conseil de gouvernement de prôner une sorte de « France dégage ». Il n’était pas ce francophobe. Même s’il a été victime d’un complot de la France qui a activé la Chambre de Commerce de Dakar et des lobbies tropicaux, il n’en militait pas moins pour la diversité en ces termes : « Je considère d’une manière générale que la souveraineté d’un pays ne doit s’accommoder d’aucune allégeance quelle qu’elle soit, et que la coexistence des Etats a besoin, pour être durable et profitable à tous, d’être établie sur le respect et la considération réciproques et non sur des rapports entre tuteur et mineur ».
Ainsi, quand des puissances comme la Chine (qui a connu 14 dynasties impériales par le passé), la Turquie (centre de l’empire ottoman avant les accords de Sykes-Picot de 1916) etc. s’intéressent au Sénégal dans un contexte de découverte d’importantes ressources pétro gazières, quelle attitude adopter, tenant compte d’une géopolitique émergente impliquant le terrorisme ?
A cet égard, il y a des divergences entre pays africains concernés sur la gestion du djihadisme autour de la France, qui dépend de son pré-carré africain pour sa survie (Pour preuve : TOTAL compte sur les 500 millions de demandeurs d’électricité en Afrique pour survivre à l’horizon 2035 en se basant sur les énergies renouvelables). L’Algérie, accusée de servir de base-arrière aux rebelles et qui s’est rapprochée dernièrement de Moscou (voire de la Chine, nouvelle alliée du Niger) est pour une méthode anti-occidentale. Quelle sera la politique étrangère de Sonko face à ces complexités où il ne sera pas facile de couper le lien avec la France pour des raisons évidentes ?
C’est pour élargir la perspective que je demande, toujours, au Président Sonko, si dans cette approche gagnant-gagnant, une renégociation des contrats pétroliers ne doit pas postuler de mettre en branle des mécanismes innovants de financement de notre Agriculture (au sens large impliquant la Pêche). En d’autres mots, comment, par exemple, renégocier, en position de force, les accords de pêche signés avec l’Union européenne ; et partant, amener ces assoiffés des ors noir et bleu à participer à la lutte contre la pauvreté qui sévit dans le monde rural en les poussant, sans les chasser, à renoncer à une parcelle d’hégémonie ?
Je n’ai pas parler de l’industrie sénégalaise. Elle était la meilleure de l’AOF à la veille des indépendances. Sera-t-elle portée par l’Agriculture pour bâtir de grands capitaines de la transformation ? Si oui, quelles articulations avec la réflexion développée plus haut, qui n’épargne pas les APE et l’avenir du CFA.
Thierno DIOP La Redaction Thieysenegal.com
