THIEYSENEGAL.com : Le journaliste d’investigation Bachir Fofana a été interpellé ce mercredi 26 juin par la Division spéciale de cybersécurité (DSC), suite à une publication sur les conditions d’attribution d’un marché public lié à l’Assemblée nationale. Il est poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles ».
Une nouvelle affaire judiciaire vient raviver les tensions entre liberté de la presse et encadrement légal de la cybersécurité au Sénégal. Le journaliste Bachir Fofana, connu pour ses enquêtes sur la gouvernance publique, a été placé en garde à vue ce mercredi matin par la Division spéciale de cybersécurité (DSC), à la suite d’une convocation officielle reçue la veille.
Selon des sources concordantes, le procureur de la République s’est autosaisi de l’affaire après la diffusion d’une vidéo virale dans laquelle le journaliste évoquait des irrégularités présumées dans le processus d’attribution du marché d’achat de véhicules pour les députés. Une initiative qui impliquerait directement la présidence de l’Assemblée nationale.
« Je n’ai eu connaissance de la procédure que par la presse. J’ai ensuite reçu une convocation en bonne et due forme dans la soirée du 25 juin », a déclaré Bachir Fofana à ses proches avant son audition.
Présenté devant les enquêteurs de la DSC ce mercredi à 10h, Bachir Fofana a été entendu durant plusieurs heures. À l’issue de l’audition, il a été placé en garde à vue pour « diffusion de fausses nouvelles par voie électronique », une infraction prévue par le Code pénal et la loi sur la cybersécurité au Sénégal.
Le journaliste est en attente de son déferrement au parquet, prévu dans les prochaines 24 heures. À cette étape, le procureur pourra décider d’une éventuelle mise en examen ou d’un classement sans suite.
L’affaire suscite déjà de vives réactions dans les milieux journalistiques et sur les réseaux sociaux. Plusieurs confrères et organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent une instrumentalisation de la justice pour « museler les voix critiques », alors même que l’information divulguée par Bachir Fofana n’avait pas encore fait l’objet de vérification judiciaire.
Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) a demandé dans un communiqué « le respect des droits fondamentaux des journalistes dans l’exercice de leur mission d’information, surtout lorsque ceux-ci abordent des questions d’intérêt public. »
Ce nouvel épisode intervient dans un climat marqué par une recrudescence des poursuites judiciaires contre des journalistes et des activistes numériques. Depuis plusieurs mois, la Division spéciale de cybersécurité multiplie les enquêtes liées à la diffusion d’informations jugées sensibles sur les réseaux sociaux, souvent sans que les preuves formelles de leur fausseté soient immédiatement produites.
Pour certains observateurs, cette dynamique judiciaire pourrait avoir un effet dissuasif sur les professionnels des médias, notamment ceux engagés dans l’investigation.
Le sort de Bachir Fofana dépend désormais du parquet, qui devra évaluer si les éléments en sa possession justifient une procédure pénale. En attendant, ses avocats travaillent sur une demande de remise en liberté provisoire et entendent démontrer que les propos du journaliste relèvent de la liberté d’expression sur un sujet d’intérêt général, et non d’une volonté de désinformer.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com