THIEYSENEGAL.com : Il est parmi les expatriés qui ont préféré revenir au pays pour participer au développement inclusive de ce dernier. Employé à Amazon, puis acteur cinématographique à Hollywood, Sadou Bah nous a accordé une interview portrait pour nous dévoiler ses motivations de « retour au pays » afin d’investir dans un domaine qu’il aime tant : l’agriculture et l’élevage.
Bonjour M. Bah. Merci d’accorder un temps d’interview à la rédaction de la SENTV.info.
Est-ce que pouvez-vous vous présenter succinctement ?
Je m’appelle Sadou Bah, je suis entrepreneur, investisseur et également acteur. Aujourd’hui je suis au Sénégal sous la gestion de mon entreprise d’élevage de poulets. Nous avons démarré depuis deux ans et demi nous produisons du poulet de chair et nous le commercialisons pour les supermarchés et tout ce qui est distributeurs. Auparavant j’étais ingénieur informatique et j’ai travaillé dans plusieurs entreprises internationales dont la plus connue est Amazone. J’ai commencé à exercer dans le domaine de l’informatique depuis mes 19 ans, j’ai eu 7 ans d’expérience avant de décider de me lancer dans l’entreprenariat afin d’être plus utile pour mon pays et pour mon continent.
En lisant votre biographie on a vu que vous avez travaillé dans le domaine cinématographique, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
Oui, j’ai bossé dans le cinéma, j’ai emménagé aux États-Unis dans le but de faire du cinéma. Ça remonte à 3 ans et demi de cela. Je suis parti habiter à Los Angeles près de Hollywood, j’ai fait pas mal de Castings et j’ai eu la chance de décrocher des rôles dans des films comme Bad impluse, The Runner, Emily in Paris…C’est une chose que je fais toujours, je suis toujours en contact avec les acteurs dans Hollywood. Donc Parfois je pars aux États-Unis et parfois je suis ici à Dakar.
Est-ce que c’est un métier que vous avez toujours rêvé de faire ?
Oui j’ai toujours rêvé d’être acteur, surtout un acteur qui performe dans une industrie vraiment dynamique et solide. Bien avant d’aller à l’étranger j’avais essayé ici au Sénégal en Guinée mais je n’ai pas vu ce que je voulais vraiment. J’ai toujours voulu faire du cinéma d’action, ce qui n’existe pas encore ici. C’est un métier qui n’est pas fait pour tout le monde et c’est pas aussi facile d’y accéder. Donc globalement pour résumer, c’est quelque chose que j’ai toujours rêvé de faire et je le fais toujours et j’espère qu’avec le temps nous aurons un environnement cinématographique très remarquable surtout au Sénégal.
Qu’est-ce qui vous a motivé à un retour au pays ?
Merci pour la question, moi je pense que l’Afrique ne peut se développer sans la manne de sa diaspora. Donc j’ai fait plusieurs années à l’étranger, j’ai acquis beaucoup d’expérience en travaillant avec différentes personnes et j’ai appris énormément de choses. J’estime que si nous avons l’opportunité de revenir au pays et investir, il ne faut pas attendre parce que nos pays ont besoin de nous y compris notre continent. Je pense qu’il y’a beaucoup de domaines à cibler comme le secteur primaire et moi j’ai choisis l’agriculture et l’élevage afin de répondre au besoin de consommation car notre population est en pleine croissance et nous importons toujours des milliards de dollars en aliments. Nous avons ici des terres arables, pourquoi pas les utiliser à bon escient. Donc je suis revenu pour aider mon pays, mon continent avec mes propres moyens. J’estime que ça peut inspirer d’autres personnes dans la diaspora.
Comment avez-vous choisi le métier de l’agriculture et de l’élevage ? C’était mûrement réfléchi ? Un projet que vous aviez au coin de la tête depuis le début ?
Je dirais que c’est un projet qui était dans ma tête depuis très longtemps, je peux dire que depuis tout jeune j’avais ce rêve d’exercer dans l’agriculture et l’élevage et aujourd’hui j’ai l’opportunité de le faire. Avec tout ce que j’ai appris en étranger, nous espérons industrialiser notre entreprise d’ici quelques années. Il faut aussi se rendre à l’évidence que ces dernières années beaucoup de personnes y compris certains membres de ma famille revenus de l’étranger, s’activent dans le domaine de l’agriculture et l’élevage, soit ici au Sénégal ou en Guinée. Alors ça m’a inspiré et j’ai suivi le chemin. Au début je pensais que le budget que j’avais n’allait pas suffire mais au final je me suis rendu compte que j’étais pleinement près et je me suis donc lancé.
Très bien, en restant toujours dans le domaine de l’agriculture, est-ce qu’avez-vous eu des difficultés au départ ou tout a été comme vous l’aviez planifié ?
Alors quand j’ai commencé tout allait bien et j’étais convaincu du résultat que j’avais. J’ai commencé avec 300 poulets et au fur et mesure j’ai augmenté de 1000 à 2000. Après plusieurs mois tout tournais bien mais en un moment j’ai eu des difficultés car j’ai constaté des vols. On m’a volé pas mal d’argent et c’est estimé à des millions de Francs CFA. Heureusement pour moi j’avais une ressource financière qui m’a permis de continuer sinon j’allais fermer boutique. C’était très difficile mais maintenant je suis très content parce qu’on a revu tout le protocole sécuritaire et je pense qu’il fallait vraiment passer par là pour trouver de nouveaux moyens pour sécuriser les choses parce que les moyens de sécurité que l’on utilise en occident peuvent être contourné facilement ici. Donc il a fallu s’adapter aux réalités du terrain et on a trouvé le bon moyen.
Quelles sont vos objectifs à long terme dans le domaine de l’agriculture et l’élevage ? Est-ce qu’il y’a un cap que vous-vous êtes fixés ?
Aujourd’hui même nous tournons avec 9.000 poulets. Notre objectif est que d’ici 3 ans on passe au niveau industriel pour produite assez parce que aujourd’hui nous ne sommes pas encore capables de répondre à tout la demande de nos clients. Nous avons de très gros clients et l’objet d’ici quelques années c’est d’avoir l’offre nécessaire pour les satisfaire. D’ici 3 ans je suis convaincu que nous pourrons mettre une ferme automatique capable de contenir une grosse quantité d’élevage de poulets, c’est à dire 40 à 50.000 poulets par mois. Nous Comptons développer aussi un réseau totalement logistique capable d’opérer dans toutes les régions du pays.
Que conseillez-vous aux expatriés qui veulent revenir au pays pour investir mais qui ont peur que leurs projets tombent à l’eau du fait des dures réalités et risques qui s’y trouvent ?
Le conseil que je peux donner pour nos compatriotes qui sont à l’étranger est que si nous ne développons pas nous même notre pays, personne ne le fera à notre place. Quelques soit les défis, les challenges qui nous attendent, il faut avoir le courage de se lancer dans un domaine qui nous plaît vraiment. Revenir au pays emmener ce qu’on a appris à l’étranger pour contribuer au développement du pays en créant des emplois afin de donner du travail à certaines personnes. Donc ceux qui veulent vraiment se lancer et qui reviennent de l’étranger, la première chose à faire c’est de s’approcher des personnes qui ont déjà de l’expérience dans le domaine que l’on veut s’activer pour gagner du temps mais aussi éviter de commettre le moins d’erreurs possible en prenant les informations nécessaires ou même des formations s’il le faut. Et l’autre conseil aussi c’est de se lancer avec notre propre fonds pour être le plus indépendant possible et surtout être patient et ne pas se focaliser tout simplement sur un résultat rapide. Voilà en quelque sorte les conseils que je peux donner aux jeunes et surtout à ceux qui reviennent de l’étranger.
Merci M. Bah de nous avoir accordé ce temps d’interview et nous espérons vous recevoir le plus souvent pour booster les jeunes dans l’entreprenariat quel que soit le domaine dans lequel ils s’activent.
