Dette publique : Cheikh Diba dévoile sa feuille de route pour alléger le fardeau financier du Sénégal d’ici 2028
THIEYSENEGAL.com : Le ministère des Finances et du Budget a présenté sa nouvelle Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT) couvrant la période 2026-2028, un document majeur piloté par le ministre Cheikh Diba.
Objectif affiché : ramener le ratio d’endettement du Sénégal de 130 % à 101 % du PIB d’ici trois ans. Une trajectoire ambitieuse dans un contexte de hausse mondiale des taux d’intérêt et de resserrement des conditions d’accès aux financements internationaux.
Cette stratégie, annexée au projet de Loi de finances 2026, s’inscrit dans le cadre réglementaire de l’UEMOA. Elle intervient dans un moment charnière pour les finances publiques sénégalaises, après la suspension du programme du FMI en 2024, conséquence des anomalies comptables relevées par la Cour des comptes sur les exercices 2019–2023.
Cheikh Diba, ancien haut cadre de l’administration financière, veut rétablir la confiance auprès des bailleurs de fonds et restaurer la crédibilité budgétaire du Sénégal, tout en affirmant une souveraineté économique assumée.
« Il ne s’agit pas seulement de réduire les chiffres de la dette, mais de reconstruire un modèle de financement responsable et soutenable », confie un conseiller du ministère.
La SDMT 2026–2028 repose sur quatre hypothèses testées dans le cadre analytique du ministère :
Scénario 1 : le statu quo maîtrisé.
Maintenir le rythme actuel avec 35 % de dette extérieure et 65 % domestique en 2025, puis rééquilibrer à 60/40 à partir de 2026. Cette approche progressive privilégie la stabilité et évite les chocs sur le marché local.
Scénario 2 : la relance sous condition du FMI.
En cas d’accord avec l’institution de Bretton Woods, le Sénégal retrouverait l’accès aux marchés internationaux via des instruments tels que les Eurobonds, Panda Bonds ou Samouraï Bonds. Cette option, la plus favorable, permettrait de rééchelonner la dette à court terme, alors que 15 % du stock total arrive à échéance en 2026.
Scénario 3 : l’équilibre prudent.
Objectif : réduire les vulnérabilités liées à la dette à taux variable (20 %) et aux obligations à court terme (30,4 %). La répartition serait moitié dette extérieure, moitié domestique, avec un recours accru aux financements concessionnels et aux emprunts internes à maturité longue.
Scénario 4 : l’option défensive.
Cette hypothèse “pessimiste” anticipe l’absence d’un programme FMI. Le Sénégal se tournerait alors vers le financement domestique (60 %) pour limiter les risques extérieurs, tout en maintenant une structure viable à moyen terme.
Le ministère des Finances met l’accent sur un double impératif : maîtriser la dette sans freiner la dynamique d’investissement.
Les grands projets d’infrastructures et de transformation économique — énergie, agriculture, transport — continueront d’être financés, mais dans un cadre plus sélectif et rationnalisé.
La stratégie prévoit également une surveillance accrue des dettes à court terme, une meilleure gestion de la trésorerie de l’État et une diversification des partenaires financiers, notamment au sein des marchés asiatiques et arabes.
« Le Sénégal doit concilier discipline budgétaire et financement du développement. Le rétablissement de la crédibilité financière est la clé d’un retour durable sur les marchés », explique un analyste financier basé à Dakar.
Une vision alignée sur “Sénégal 2050”
La SDMT 2026-2028 s’inscrit dans la vision présidentielle d’un “Sénégal souverain, juste et prospère à l’horizon 2050”.
Elle prend en compte les vulnérabilités économiques globales, la volatilité des devises et les risques de refinancement liés à la dette à court terme.
L’objectif final est clair : abaisser le ratio d’endettement de 29 points, en garantissant la viabilité financière du pays tout en assurant la continuité des investissements publics.
Après les controverses qui ont ébranlé la crédibilité de l’État en 2024, Cheikh Diba entend mettre en œuvre une politique de transparence budgétaire accrue, avec des données publiques plus fréquentes et vérifiables, ainsi qu’un suivi rigoureux de la dette garantie par l’État.
Si cette stratégie produit les effets escomptés, le Sénégal pourrait amorcer, dès 2028, une désescalade durable de son endettement, consolidant ainsi son positionnement comme modèle de rigueur financière dans la zone UEMOA.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com