THIEYSENEGAL.com : Dakar, 25 mars 2025 – Une mission du Fonds monétaire international (FMI), actuellement en séjour au Sénégal, a mis en évidence un écart significatif entre les chiffres officiels de la dette publique et ceux révélés par la Cour des comptes. Selon Edward Gemayel, chef de la délégation du FMI, cet écart, qualifié de « dette cachée », s’élève à environ 7 milliards de dollars entre 2019 et 2024.
L’analyse des finances publiques sénégalaises montre que sous l’administration de Macky Sall, la dette déclarée représentait plus de 70 % du PIB. Toutefois, la Cour des comptes a évalué ce ratio à près de 100 %, remettant en question la transparence des déclarations budgétaires des dernières années.
Une sous-estimation volontaire ?
Dans ses échanges avec la presse, Edward Gemayel a affirmé que le FMI partageait les conclusions de la Cour des comptes. « Il y a eu une décision très consciente de sous-estimer le stock de la dette au cours des cinq dernières années », a-t-il déclaré, cité par RFI.
Cette révélation s’inscrit dans un contexte où le rapport de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025, a révélé un endettement total de 18 558,91 milliards de FCFA au 31 décembre 2023, soit 99,67 % du PIB. Ce chiffre est bien supérieur aux déclarations officielles du gouvernement précédent, qui annonçait un taux nettement plus bas. Par ailleurs, le déficit budgétaire pour 2023 a été réévalué à 12,3 % du PIB, contre 4,9 % initialement déclarés.
Vers une évaluation approfondie du FMI
Présente à Dakar depuis le 18 mars, la mission du FMI poursuit son travail jusqu’au 26 mars afin d’analyser les écarts constatés et d’évaluer un possible missreporting (fausse déclaration). L’objectif est de clarifier les causes de cette différence et de proposer des mesures correctives pour éviter toute récidive.
Les conclusions de cette mission seront cruciales pour les relations entre le Sénégal et le FMI. Elles permettront au Conseil d’administration de l’institution financière d’évaluer si des sanctions ou une demande de remboursement anticipé des financements accordés pourraient être envisagées.
Face à cette situation, les autorités sénégalaises espèrent obtenir une dérogation et ont déjà soumis des mesures correctives. « Nous mettons les bouchées doubles pour avancer aussi vite que possible », a assuré Edward Gemayel. Les discussions sur un nouveau programme d’accompagnement du FMI dépendront de l’issue de cette mission.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com