Du deuil à l’élection : les coulisses de la désignation d’un nouveau pape

THIEYSENEGAL.com : À la suite du décès de Sa Sainteté le pape François, l’Église catholique entre dans une période de Sede Vacante (« siège vacant »), marquant l’absence de chef spirituel à la tête du Vatican. Le processus pour désigner son successeur repose sur une tradition millénaire codifiée par des textes précis de la la constitution apostolique. Voici les sept étapes de cette désignation.
1. La Sede Vacante et l’administration provisoire
Dès la mort du pape, le cardinal camérier (ou camerlingue), actuellement le cardinal Kevin Farrell, prend en charge l’administration temporelle du Vatican. Il scelle les appartements pontificaux, supervise les préparatifs des funérailles et coordonne les réunions pré-conclave. Aucune décision doctrinale ou nomination importante ne peut être prise durant cette période.
2. Les funérailles du pape défunt
Le pape défunt est généralement inhumé entre le quatrième et le sixième jour suivant son décès, après une série de messes de deuil (novemdiales) qui s’étendent sur neuf jours.
Les funérailles sont présidées par le doyen du Collège des cardinaux (actuellement le cardinal Giovanni Battista Re), en présence de chefs d’État, de représentants religieux du monde entier et des fidèles.
3. La convocation du conclave
Le conclave est une assemblée restreinte composée uniquement des cardinaux de moins de 80 ans à la date du décès du pape. En 2025, cela représente environ 120 cardinaux électeurs.
La convocation du conclave est décidée entre 15 et 20 jours après le décès du pape, afin de permettre aux cardinaux d’arriver à Rome.
4. L’entrée en conclave : isolement total
Les cardinaux électeurs sont logés à la Domus Sanctae Marthae, une résidence du Vatican, et votent dans la Chapelle Sixtine, lieu emblématique du conclave.
Ils sont coupés du monde extérieur, sans téléphone, internet ni médias, afin d’assurer la confidentialité du processus. Toute tentative de communication avec l’extérieur est strictement interdite et passible d’excommunication.
5. Le déroulement du vote
Le processus électoral suit des règles précises, fixées notamment par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par Jean-Paul II et amendée par Benoît XVI.
Les principales étapes :
Trois scrutins par jour sont prévus : deux le matin et un l’après-midi (sauf le premier jour qui ne comprend qu’un seul tour).
– Le vote se fait à bulletin secret. Chaque cardinal inscrit le nom de son choix sur un papier et le dépose dans une urne.
– Pour être élu pape, un candidat doit obtenir *une majorité qualifiée des deux tiers* des suffrages exprimés.
Si aucun candidat n’est élu, les bulletins sont brûlés dans un poêle spécial avec un produit chimique qui dégage une fumée noire, signe que le vote a échoué. Une fumée blanche indique l’élection d’un nouveau pape.
6. Acceptation de l’élu et choix du nom pontifical
Une fois élu, le doyen du Collège des cardinaux demande à l’élu : « Acceptes-tu ton élection canonique comme Souverain Pontife ? » Si le cardinal accepte, il choisit alors le nom qu’il portera comme pape.
L’élu devient alors immédiatement évêque de Rome et chef de l’Église catholique.
7. L’annonce au monde : Habemus Papam
Peu après l’élection, le cardinal protodiacre apparaît au balcon de la basilique Saint-Pierre pour proclamer au monde : « Annuntio vobis gaudium magnum : habemus Papam ! » (Je vous annonce une grande joie : nous avons un pape !). Le nouveau pape se présente alors au peuple depuis le balcon et donne sa première bénédiction Urbi et Orbi.
Ce processus symbolise à la fois la continuité de l’Église catholique et son attachement à un mode de gouvernance singulier, qui traverse les siècles. Dans un monde en constante mutation, ce moment rare est scruté avec attention, non seulement par les fidèles, mais aussi par l’ensemble de la communauté internationale.