THIEYSENEGAL.com : Birane Ndiaye, chauffeur routier originaire de Sagata, dans le département de Kébémer, a brisé le silence après l’enlèvement dont il a été victime au Mali, en compagnie de cinq autres collègues sénégalais. Dans un témoignage poignant recueilli par Dakaractu, il revient sur les heures d’angoisse passées entre les mains d’un groupe armé présumé djihadiste, dans une zone de plus en plus instable pour les transporteurs de la sous-région.
L’enlèvement : un piège tendu en pleine route
L’attaque s’est produite le jour du Gamou, vers 17h, non loin de Sikala, après une pause à Kayes, dans l’ouest du Mali. Alors qu’il reprenait la route avec son apprenti, Birane Ndiaye a aperçu un véhicule à l’arrêt, semblant en difficulté. C’est alors que des hommes armés et encagoulés ont fait irruption.
« Ils étaient d’abord quatre. Puis ils sont apparus en nombre. Quand j’ai refusé de m’arrêter, ils ont tiré sur mon camion. Le pare-brise a volé en éclats, mon apprenti a été blessé au cou et j’ai dû m’arrêter », raconte-t-il, encore marqué par l’événement.
Son camion, un Renault DX 450 immatriculé TH-8112, a été incendié, détruisant une marchandise et un outil de travail estimé à plus de 20 millions de francs CFA.
Nuit en captivité, interrogatoires et libération sous pression
Après avoir incendié son véhicule, les ravisseurs ont conduit Birane Ndiaye et plusieurs autres chauffeurs sénégalais dans une zone forestière reculée, où ils ont passé la nuit sans couverture, sans nourriture, sous la menace constante.
« Ils parlaient peulh entre eux, nous posaient des questions sur nos origines, notre religion, et qui nous envoyait. »
Le lendemain, les otages ont été déplacés vers une autre localité, où un chef, communiquant par téléphone, a supervisé de nouveaux interrogatoires.
Ce n’est que le surlendemain que les chauffeurs ont été relâchés, sans rançon apparente, selon le témoignage du principal concerné. Birane Ndiaye attribue leur libération à la mobilisation rapide du syndicat des transporteurs sénégalais, en particulier à Gora Khouma, son secrétaire général.
« C’est son communiqué officiel qui a fait bouger les choses. Sans ça, on ne sait pas ce qu’ils nous auraient fait. »
Pour Birane Ndiaye, le traumatisme est profond, mais les conséquences économiques sont tout aussi dramatiques. Propriétaire de son camion, il explique avoir perdu son unique source de revenus, mettant en péril la survie de sa famille.
« J’ai tout perdu. Je suis père de famille, et je lance un appel au Président de la République et au gouvernement. Il faut qu’on nous aide. »
Cet enlèvement, bien que de courte durée, relance les préoccupations sur la sécurité des transporteurs sénégalais opérant au Mali, particulièrement dans les régions de Kayes, Nioro et Nara, où les groupes armés non étatiques – souvent liés à Al-Qaïda ou au GSIM – opèrent en toute impunité.
Les autorités sénégalaises n’ont pas encore réagi officiellement à cet incident, mais les syndicats de transporteurs appellent à des mesures concrètes, telles que :
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des escortes sécurisées sur les axes sensibles,
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des mécanismes d’assurance et d’indemnisation,
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et une coopération bilatérale renforcée avec les forces maliennes de transition.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com