Exécution budgétaire au 2e trimestre 2025 : Croissance forte, investissement à la traîne et dépendance aux marchés financiers

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THIEYSENEGAL.com : Le ministère des Finances et du Budget a publié, ce 15 août, son rapport d’exécution budgétaire au titre du deuxième trimestre 2025, à mi-chemin d’une année marquée par une croissance exceptionnelle… mais fragile. Si les indicateurs globaux affichent des signaux encourageants, ils révèlent également des tensions structurelles latentes, notamment dans la dynamique d’investissement public et la dépendance croissante au financement domestique.

Hydrocarbures : levier de croissance, mais pilier unique

Tirée par le lancement de l’exploitation des hydrocarbures, la croissance du PIB réel s’élève à 12,1 % au premier trimestre 2025, positionnant le Sénégal parmi les économies les plus dynamiques du continent. Cette performance intervient dans un contexte international contrasté : ralentissement économique aux États-Unis, reprise modérée en zone euro, et croissance soutenue en Chine et dans plusieurs pays émergents.

Mais cette croissance repose quasi exclusivement sur un secteur extractif naissant et exposé aux aléas des cours mondiaux, ce qui soulève des questions sur sa soutenabilité à moyen terme.

Recettes : progrès notables mais dons en chute libre

À fin juin, les ressources du budget général atteignent 4 474,1 milliards FCFA, représentant 43,1 % des prévisions annuelles (fixées à 10 384,5 milliards FCFA). Les recettes fiscales s’établissent à 2 226,3 milliards FCFA, en hausse de 8,5 % par rapport à la même période en 2024, avec un taux de réalisation de 47,7 % des objectifs annuels.

Les impôts directs dominent (913,9 milliards FCFA, soit 60,3 % de réalisation), notamment grâce à l’impôt sur les sociétés (392,3 milliards). Les impôts indirects (1 074,2 milliards FCFA) et les recettes non fiscales (116,6 milliards FCFA) complètent ce tableau, avec des performances globalement en ligne avec les attentes.

En revanche, les dons budgétaires chutent à 19,3 milliards FCFA, soit seulement 8 % de l’objectif annuel, confirmant une baisse du soutien extérieur. Le pays renforce ainsi sa dépendance aux ressources internes et aux emprunts sur les marchés financiers, un glissement stratégique qui pourrait présenter des risques si les conditions de refinancement venaient à se durcir.

Dépenses publiques : fonctionnement en priorité, investissements freinés

Côté dépenses, l’exécution budgétaire montre une prédominance des charges courantes. Les dépenses du budget général s’élèvent à 2 814,6 milliards FCFA (41,9 % des prévisions), dont :

  • Dépenses de fonctionnement : 2 232,7 milliards FCFA (50,4 %),

    • Salaires : 724,1 milliards (+3,3 %)

    • Transferts courants : 844,9 milliards FCFA

  • Dépenses d’investissement : 581,9 milliards FCFA (30,1 %),

    • Ressources internes : 186,6 milliards

    • Ressources externes : 395,3 milliards

Le taux d’exécution des investissements reste faible, en deçà des attentes, freinés par des blocages administratifs persistants et une gestion prudente des décaissements. Cette situation alimente un débat de fond sur la capacité de l’État à transformer ses recettes fiscales en projets structurants à fort impact économique.

Dette et déficit : couverture assurée mais dépendance accrue

Le déficit budgétaire est contenu à 588,3 milliards FCFA à fin juin (34,7 % de la cible annuelle de 1 695,9 milliards). Il est entièrement couvert par les financements mobilisés (2 247,8 milliards), principalement levés sur les marchés financiers nationaux et régionaux (1 677 milliards FCFA, soit 74,6 %). Le ratio de couverture des besoins atteint 1,08, témoignant d’une gestion maîtrisée à court terme, mais révélatrice d’une dépendance croissante à l’endettement intérieur.

Les charges de trésorerie s’élèvent à 1 490,4 milliards FCFA, dont 1 331,2 milliards pour le service de la dette et 138,6 milliards pour l’apurement des arriérés extérieurs.

Fonds de retraite excédentaire, mais organismes publics sous pression

Le Fonds National de Retraite (FNR) enregistre un excédent de 13,2 milliards FCFA, résultat d’une hausse du nombre de cotisants (+11 872). Une amélioration encourageante, bien qu’encore fragile au regard des enjeux de soutenabilité à long terme.

En revanche, les 160 organismes publics suivis affichent un taux d’absorption budgétaire de seulement 29,9 %, soit 435,6 milliards FCFA exécutés sur un budget de 1 458,9 milliards. Leur endettement cumulé atteint 820,3 milliards FCFA, dont plus de la moitié (536,3 milliards) contractée auprès du secteur bancaire. Le FERA (Fonds d’Entretien Routier Autonome) concentre à lui seul 512,1 milliards de dette, illustrant la nécessité urgente d’une révision du mode de financement des établissements publics.

Conclusion : Un pilotage stable, mais des chantiers en suspens

Le rapport d’exécution budgétaire pour le 2e trimestre 2025 met en lumière une stabilité financière bien maîtrisée, notamment en matière de mobilisation des recettes et de gestion de la dette. Toutefois, les lenteurs sur l’investissement public, la concentration des recettes sur le secteur extractif, et la faible mobilisation des financements extérieurs constituent des défis de taille pour garantir une croissance inclusive et durable.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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