Fistule obstétricale : Le long chemin vers la dignité de Hawa, survivante des mariages précoces

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THIEYSENEGAL.com : Dans les confins méconnus des campagnes sénégalaises, les drames personnels prennent parfois la dimension d’un combat collectif. C’est le cas d’Hawa Diaw, une femme originaire d’un village de l’est du pays, qui incarne à elle seule les ravages silencieux du mariage précoce et du défaut d’accès aux soins obstétricaux spécialisés.

Mariée à 13 ans, mère de sept enfants, Hawa a vu sa vie basculer lors de son dernier accouchement, marqué par une complication grave : une fistule obstétricale, pathologie encore trop fréquente dans les zones rurales d’Afrique subsaharienne. Après des années de souffrance, d’errance médicale et de stigmatisation, elle témoigne aujourd’hui d’un parcours de résilience, de courage et de rétablissement.

« Mon bébé est sorti par les pieds. J’ai cru que j’allais mourir. Le transfert à Tambacounda a été une question de survie », confie-t-elle, la voix posée mais empreinte d’émotion.

Une maladie évitable, mais encore fréquente

La fistule obstétricale, causée par un accouchement prolongé sans assistance médicale adéquate, entraîne une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, provoquant des fuites urinaires ou fécales incontrôlables. Au Sénégal, malgré les efforts de sensibilisation, cette pathologie touche encore plusieurs centaines de femmes chaque année, principalement dans les régions de Tambacounda, Kolda et Matam.

Pour Hawa, la descente aux enfers a commencé après l’accouchement : saignements continus, perte de force, gêne constante. « Je ne pouvais plus sortir sans serviette. L’odeur était difficile à supporter, même pour moi. Je me sentais exclue », raconte-t-elle.

Un combat familial et personnel

Dans son calvaire, Hawa n’a pas été seule. Soutenue par son mari — qui a vendu chevaux et bétail pour financer les soins — et son oncle basé en France, elle a parcouru plusieurs structures sanitaires, de Saint-Louis à Ziguinchor, avant de trouver un encadrement adéquat à Tambacounda.

« C’est là-bas que j’ai été opérée avec succès. Cette intervention intime m’a redonné espoir. Je peux aujourd’hui marcher la tête haute », dit-elle.

Si son état s’est nettement amélioré, Hawa continue toutefois d’utiliser des protections hygiéniques par précaution. Elle parle désormais publiquement de son histoire pour briser le silence autour de cette « maladie de la honte », afin que d’autres femmes soient prises en charge à temps.

Une urgence de santé publique

Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, plus de 1 300 cas de fistules ont été enregistrés au Sénégal entre 2018 et 2023. L’État, avec l’appui de partenaires comme l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population), a lancé des campagnes de réparation gratuite, mais les défis restent immenses : mariages d’enfants, accouchements à domicile, tabous sociaux, éloignement des structures de santé.

Hawa Diaw, désormais âgée de plus de 50 ans, milite pour que la prévention prime sur la réparation. « Si j’avais accouché dans une structure équipée, je n’aurais jamais eu cette maladie. On ne doit plus laisser nos filles vivre ça », lance-t-elle.

Des interventions chirurgicales gratuites sont régulièrement organisées par l’État et ses partenaires. Pour toute information, contacter la direction de la santé de la reproduction au ministère de la Santé ou l’UNFPA Sénégal.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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