FMI–Sénégal : une dette non déclarée “inédite en Afrique” freine les négociations

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THIEYSENEGAL.com : Le Fonds monétaire international (FMI) a lancé une mise en garde sans précédent au Sénégal après la révélation d’une dette cachée estimée à près de 7 milliards de dollars US, contractée entre 2019 et 2024 sous l’administration de Macky Sall.
Selon Edward Gemayel, chef de mission du FMI à Dakar, « jamais une dette non déclarée d’une telle ampleur n’a été observée en Afrique », une situation qu’il qualifie d’« inédite et préoccupante ».

Cette déclaration, rapportée notamment par RFI et Reuters, intervient à l’issue d’une mission technique de deux semaines du FMI dans la capitale sénégalaise. Le Fonds y a examiné les comptes publics, désormais lourdement entachés par des emprunts et engagements non comptabilisés dans les statistiques officielles de la dette.

D’après les données préliminaires communiquées par les services du FMI et de la Cour des comptes, ces dettes “hors budget” auraient servi à financer divers projets publics et à éponger des arriérés internes non déclarés. Leur révélation a porté le ratio d’endettement du Sénégal à près de 132 % du PIB, contre 75 % précédemment annoncés.

Cette réévaluation a entraîné une série de dégradations de la note souveraine du pays par Moody’s et Fitch Ratings, qui alertent sur une trajectoire financière insoutenable. Dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires se réduisent, Dakar se retrouve désormais sous pression pour regagner la confiance des bailleurs.

Le FMI, qui devait négocier un nouvel accord de financement avec le gouvernement sénégalais, a suspendu temporairement les discussions. L’institution exige au préalable la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à éviter la répétition d’une telle dissimulation.

Parmi les mesures correctrices demandées figurent :

la centralisation de la gestion de la dette publique au sein du ministère des Finances ;

la publication intégrale de l’audit des arriérés de paiement ;

et la création d’un registre unique des engagements de l’État pour renforcer la traçabilité.

« Il est impératif que la transparence et la discipline budgétaire soient rétablies avant tout nouvel engagement financier », a insisté Edward Gemayel.

Si le FMI se veut rassurant, estimant qu’il est « rare qu’un accord soit finalisé après une première visite », la situation reste tendue pour Dakar. Le pays, confronté à une crise de liquidités, dépend fortement du soutien budgétaire extérieur pour honorer ses obligations et maintenir ses programmes sociaux.

Le nouveau gouvernement a promis de collaborer pleinement avec le FMI. Dans un communiqué, le ministère des Finances a assuré « travailler activement à corriger les écarts hérités et à renforcer la gouvernance économique ».

Mais selon plusieurs analystes, cette crise de la dette cachée risque de peser durablement sur la crédibilité financière du Sénégal, jusqu’ici considéré comme un élève modèle de la discipline budgétaire en Afrique de l’Ouest.

« Ce n’est pas seulement un problème de chiffres, mais un problème de confiance », confie un économiste sénégalais.
« Le pays devra prouver qu’il peut rétablir la transparence et reprendre le contrôle de sa dette publique. »

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

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