Foire fantôme au Maroc : plus de 30 femmes d’affaires sénégalaises flouées, le scandale révélé par Sophie Guèye
THIEYSENEGAL.com : Un scandale d’escroquerie internationale secoue le milieu de l’entrepreneuriat féminin sénégalais. Plus de 30 femmes d’affaires ont été dupées par une prétendue foire professionnelle au Maroc, montée de toutes pièces par T. Faye, 25 ans, arrêté cette semaine par la Division des investigations criminelles (DIC). Le préjudice s’élèverait à près de 17 millions de francs CFA, selon des sources concordantes.
C’est Sophie Guèye, militante de la société civile et fondatrice de la plateforme Ladies Club, qui a rendu l’affaire publique via une dénonciation sur Facebook. Elle y affirme avoir elle-même été victime de cette machination.
« L’affaire est entre les mains de la justice. Plus de 30 personnes, dont moi-même, avons été escroquées dans cette histoire d’événement bidon », a-t-elle déclaré, saluant l’arrestation du mis en cause.
Une machination bien orchestrée sous couvert de gala prestigieux
Sous un nom d’emprunt, T. Faye se présentait comme promoteur international, organisateur de l’événement « Africa Star Awards », annoncé à Casablanca. Il proposait aux entrepreneures de participer à une foire commerciale suivie d’une remise de trophées censée honorer des figures du business féminin africain.
Séduites par le prestige de l’invitation, les participantes ont déboursé des sommes importantes couvrant billets d’avion, hébergement, stand d’exposition et droits d’inscription. Mais à la veille du départ pour l’événement, le piège se referme : à 1h du matin, un simple SMS annonce l’annulation de la cérémonie, sans autre explication. T. Faye, lui, reste injoignable.
Un escroc multirécidiviste dans l’événementiel
Selon Les Échos, Faye n’en était pas à son coup d’essai. Il avait déjà été condamné pour des faits similaires à Dakar. Sa méthode : usurper des fonctions, tisser un réseau de confiance, collecter les fonds, puis disparaître. Après avoir tenté de se cacher au Maroc, il a finalement été interpellé à son retour au Sénégal.
Des femmes laissées sans ressources à l’étranger
La gravité de l’affaire ne tient pas uniquement à la fraude financière. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Sophie Guèye décrit le désarroi des victimes, certaines abandonnées sans assistance à l’étranger, faute de coordination officielle et d’organisation sur place.
« Nous avons été humiliées, flouées, exposées à l’insécurité. Ce n’était pas qu’un vol d’argent, c’était un mépris total pour des femmes engagées dans le développement », a-t-elle dénoncé.
Une procédure judiciaire sous haute attente
La plainte collective déposée à Dakar pourrait ouvrir la voie à un procès symbolique, tant les enjeux touchent à la crédibilité des réseaux d’accompagnement économique pour les femmes. D’autres victimes, au Maroc, en France ou en Côte d’Ivoire, pourraient également rejoindre la procédure.
L’affaire relance par ailleurs le débat sur la régulation du secteur de l’événementiel au Sénégal, de plus en plus confronté à des opérations fictives exploitant la quête de visibilité et de reconnaissance des entrepreneurs.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com