Fonds Covid-19 : soupçons de détournement et disparition de dirigeants chinois après un marché de 1,4 milliard FCFA
THIEYSENEGAL.com : L’enquête sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19 continue de dévoiler une série de malversations présumées. Selon des informations publiées par Libération, trois personnes ont été déférées au parquet dans le cadre de cette affaire, notamment pour des irrégularités liées à des marchés publics de fournitures de masques.
L’affaire, désormais confiée au juge du deuxième cabinet, implique des responsables d’entreprises locales mais aussi des partenaires chinois, dont certains ont mystérieusement quitté le territoire sénégalais, laissant derrière eux un vide de plus d’un milliard de FCFA non justifié.
Ibrahima Macodou Fall au cœur de la tourmente
Parmi les mis en cause figure Ibrahima Macodou Fall, directeur général de la Nouvelle Société de Textile du Sénégal (NSTS) et de Comaset. Auditionné par les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC), il a reconnu avoir perçu 100 millions de FCFA en espèces, pour l’exécution d’un marché public lié à la fourniture de masques.
Problème : aucune trace documentaire ou preuve de livraison n’a été retrouvée dans le dossier, selon Libération.
Une société chinoise dans le viseur
Le dossier prend une tournure plus complexe avec l’audition de Mohamed Ady Sarr, directeur des ressources humaines de CH Garments, une entreprise ayant décroché un contrat d’1,394 milliard FCFA pour la fourniture de masques.
Lors de son interrogatoire, Sarr a affirmé que les dirigeants chinois de la société ont quitté le Sénégal subitement, sans exécuter le contrat ni informer leur partenaire local. Cette fuite précipitée alimente les soupçons de détournement international coordonné, d’autant plus que le paiement avait déjà été effectué.
Un réseau politico-économique sous surveillance
La troisième personne interpellée est Mariata Bass, femme d’affaires sénégalaise, également bénéficiaire d’un marché public de masques. D’après les enquêteurs, elle aurait obtenu ce contrat grâce à l’intervention d’un cadre influent de l’Alliance pour la République (APR), parti alors au pouvoir. Comme dans les autres cas, le paiement s’est fait en espèces, sans que des preuves de livraison n’aient pu être produites.
Des zones d’ombre à éclaircir
Alors que les autorités judiciaires tentent de remonter les circuits financiers et d’identifier toutes les responsabilités, cette affaire met en lumière les failles de la gouvernance dans la gestion de l’aide d’urgence. Les révélations sur ces contrats douteux – attribués dans l’urgence de la pandémie – relancent les appels à une réforme en profondeur du système des marchés publics, et à plus de transparence dans la traçabilité des fonds publics.
Cette affaire est suivie de près par la société civile, notamment par des plateformes comme SUNU Élections et le Forum civil, qui réclament la publication intégrale des rapports d’audit sur l’utilisation des fonds Covid-19, et des poursuites judiciaires exemplaires pour les contrevenants.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com