THIEYSENEGAL.com : Les sacrifices en vies humaines de 2011 n’auront finalement servis à rien. En effet, le pacte de sang scellé en 2011 à la place de la nation avec la chute symbolique de Mamadou Diop entre autres, était de se jurer que plus jamais une vie ne serait sacrifiée encore au nom des questions démocratiques de l’heure. Les leaders politiques et de la société civile d’hier et qui nous gouvernent aujourd’hui avaient donné l’assurance que les dizaines de vies ôtées, symboles d’une résistance et prix de la préservation des acquis démocratiques rudement obtenus, étaient le garant d’une nouvelle ère où les libertés politiques et démocratiques ne souffriraient plus d’aucune violation. Le Président Sall, qui était un des combattants phares de cette farouche bataille s’offusquait régulièrement du comportement anti-démocratique du conseil constitutionnel d’alors et du Président Wade à qui il disait ‘‘ on est démocrate dans l’âme et non dans les propos’’. C’est ce même Président Sall, qui se disait être issu d’une famille très modeste et avoir vécu les mêmes difficultés que les sénégalais les plus défavorisés et ainsi comprenait mieux leur situation désastreuse, qui aujourd’hui, semble emporté par les délices du pouvoir au point de devenir amnésique de son passé très récent. Le peuple sénégalais devrait assister à une très grande amélioration de ses conditions sociales, de son système démocratique et de ses libertés politiques pour avoir eu à la tête du pays un homme qui a été acteur majeur dans les longues et rudes luttes démocratiques les plus récentes et un self-made man venu des bas fonds de la pauvreté. Cependant, il semble que les coups les plus durs, les trahisons les plus amères sont toujours l’œuvre de ceux qui nous vendent toujours une fausse idée de leur sincérité, leur amitié et de leur compassion. Les intérêts personnels finissent toujours par mettre à nu la vraie nature de ces ‘intimes amis’ déclarés. Vouloir marcher sous une pluie de sang pour se maintenir au pouvoir et pouvoir continuer à servir les intérêts d’une France avide et insatiable au détriment d’un peuple affamé, assoiffé et épuisé par des souffrances qui ne finissent jamais est la pire espèce de trahison. L’ère des Présidents-serveurs ou barman est révolue. Nos voisins du Mali et de la Guinée ont ouvert un nouveau chapitre de gouvernance politique. De leur histoire on a compris que la France ne peut plus se prévaloir d’être à la place du peuple pour décider qui doit être liquidé ou qui doit prendre les commandes. Comprendre et accepter cela avec dignité en léguant démocratiquement le pouvoir fera de vous un symbole vivant de la démocratie et de la paix. Nourrir un projet autre que cela sous le sponsor d’une France cupide et pilleuse ne ferait que précipiter ce beau pays dans le cahot et vous serez honteusement compter parmi les démons de l’histoire qui ont tué leurs peuples pour s’accrocher au pouvoir. Cette hideuse forme de persécuter un opposant, qui jouit naturellement de tous les droits fondamentaux inhérents à un citoyen, constituent les prémices d’un cahot imminent. Le peuple tient son messie et s’y accroche comme une corde de sauvetage qui lui a été envoyé au fond d’un profond et obscur gouffre, prêt à y laisser sa vie pour ne plus y retourner. Ousmane Sonko mesure à quel point l’aventure est périlleuse. Elle est périlleuse dans la mesure où, elle vise à éteindre ce long cycle d’exploitation et pillage d’une bande de parasites, qui veulent vivre éternellement aux crochets des privilèges de la République. Une telle entreprise n’a jamais été facile, mais faudrait que quelqu’un l’ose quand même. Victor Hugo disait que « toutes les conquêtes sont plus moins des prix de hardiesse. Pour que la révolution soit, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche, que Beaumarchais l’annonce, que Condorcet la calcule, qu’Arouet la prépare, que Rousseau la prémédite, il faut que Danton l’ose ». Aujourd’hui, il est évident que Sonko marche sur les pas de Danton: oser vouloir orienter ce pays vers des destinées plus probants et plus rassurants. Sauf, qu’il devra braver toutes sortes d’épreuves avant d’y arriver. L’élégance républicaine et démocratique, effet embellissant du jeu politique devrait pouvoir lui épargner ces coups bas, qui traînent sa dignité, son honneur, sa foi dans la boue nauséabonde des affaires de mœurs, et lui aurait garanti comme tout citoyen une liberté de circulation sans péril aucun. Ainsi, il semble que l’étincelle qui embrase tous les pays vient souvent d’un simple mais honteux vomissement d’un stylo, qui écrase au bout du nez les libertés politiques et civiles en enveloppant leurs dépouilles du linceul des lois et arrêtés souvent manipulés. Des arrêtés et lois qui nous unissent et nous garantissent la paix et la sécurité sociales sont meilleures que ceux qui nous installent dans la confrontation et la Psychose.
Professeur MODOU AISSA Seye
