THIEYSENEGAL.com : Le vendredi 28 mars 2025, un décret historique a été diffusé à la télévision nationale de Guinée, annonçant que le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte au pouvoir, a accordé une grâce présidentielle à Moussa Dadis Camara, ancien président de la République de Guinée. Cette décision intervient après une condamnation en 2024 à 15 ans de prison pour crimes contre l’humanité, dans le cadre du massacre survenu le 28 septembre 2009 au stade de Conakry.
Le décret, lu en soirée par le porte-parole de la présidence, a spécifié que la grâce a été accordée pour « raison de santé », sans fournir de détails supplémentaires concernant l’état de santé de l’ex-dirigeant. « Sur proposition du garde des Sceaux, ministre de la Justice, une grâce présidentielle est accordée à M. Moussa Dadis Camara », indique le texte officiel.
Le massacre du 28 septembre 2009, l’un des événements les plus tragiques de l’histoire récente de la Guinée, a fait au moins 156 morts et des centaines de blessés. Cet acte a eu lieu alors que des milliers de personnes se rassemblaient au stade de Conakry pour un meeting de l’opposition. La répression violente des forces de sécurité sous le régime de Dadis Camara a été largement condamnée par la communauté internationale, et une commission d’enquête des Nations Unies avait confirmé les violations graves des droits humains.
Cette grâce a suscité une large variété de réactions à travers le pays et au sein de la diaspora guinéenne. Si certains saluent cette décision comme un geste de réconciliation et de clémence, d’autres estiment qu’elle pourrait envoyer un mauvais signal concernant la justice pour les victimes du massacre de 2009.
Le général Doumbouya, arrivé au pouvoir en septembre 2021 à la suite d’un coup d’État renversant le président Alpha Condé, semble ainsi continuer de marquer sa présidence par des décisions controversées. Moussa Dadis Camara, qui avait dirigé le pays après le décès du président Lansana Conté en 2008, avait été un personnage central du régime militaire et est désormais un homme libéré grâce à cette mesure exceptionnelle.
La question du pardon et de la justice continue d’alimenter les débats politiques en Guinée, alors que le pays cherche un équilibre entre apaisement et la recherche de responsabilités pour les tragédies du passé.