Importations massives de fruits et légumes : 66 milliards de FCFA envolés chaque année, malgré l’abondance locale
THIEYSENEGAL.com : Le paradoxe sénégalais des fruits et légumes refait surface. Alors que le pays importe annuellement pour plus de 66 milliards de FCFA de produits horticoles, certaines régions, comme la Casamance, croulent sous une production locale largement sous-exploitée.
Ce vendredi, à l’occasion du lancement officiel de la marque « Casamançaise Le Jus » à Dakar, Ibra Mbaye, Directeur de la Planification et du Suivi-Évaluation à l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME), a tiré la sonnette d’alarme : « Le Sénégal continue d’importer plus de 340 000 tonnes de fruits et légumes par an, pour une facture qui dépasse les 66 milliards de FCFA. Une grande partie de ces produits sont transformés à l’étranger, notamment en jus, alors que nous avons localement toutes les ressources pour produire et transformer. »
Ce constat met en lumière un déséquilibre structurel de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire au Sénégal. Malgré une diversité agroécologique propice à la culture de mangues, d’ananas, de goyaves, d’agrumes ou encore de légumes variés, l’essentiel des produits consommés, notamment dans les grandes villes, provient de l’étranger — Maroc, Espagne, Pays-Bas ou encore Afrique du Sud.
Un potentiel inexploité en Casamance
La Casamance, notamment les zones de Ziguinchor, Bignona et Kolda, regorge de terres fertiles et de producteurs dynamiques. Pourtant, faute d’infrastructures adéquates, de moyens logistiques et d’un accès structuré au marché national, cette région peine à écouler sa production.
Le lancement de la marque « Casamançaise Le Jus », portée par la société agroalimentaire SODECA, ambitionne de changer la donne. Appuyé par l’ADEPME dans le cadre de ses programmes de soutien à la transformation locale, ce projet vise à valoriser les fruits locaux à travers une production industrielle de jus 100 % sénégalais.
« Cette initiative s’inscrit pleinement dans la vision du président Diomaye Faye pour une économie plus souveraine et orientée vers la valorisation des ressources locales. Elle incarne aussi un levier fort pour l’emploi des jeunes et des femmes en milieu rural », a précisé Ibra Mbaye.
Réduire la dépendance, renforcer la transformation
Selon les données du ministère de l’Agriculture, le Sénégal produit près de 1,3 million de tonnes de fruits et légumes par an, mais seuls 15 % de ces volumes sont transformés localement. Le reste est soit vendu à l’état brut, soit perdu faute de circuits de commercialisation fiables.
Le défi aujourd’hui est double : capter une partie des 66 milliards de FCFA d’importations en favorisant la production nationale, tout en structurant une filière locale de transformation capable de répondre aux standards de qualité et de distribution.
À travers ce projet pilote en Casamance, les autorités espèrent amorcer un tournant décisif vers une économie agroalimentaire plus intégrée, créatrice de valeur et moins dépendante de l’extérieur.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com